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L’UE a besoin d’un système de réponse de crises plus fort

Kristalina Georgieva à Islamabad avec Nadeem Ahmed, président de la National Disaster Management Authority (NDMA) (crédit : Union européenne)

(BRUXELLES2) "Notre dispositif fonctionne bien. Mais nous pouvons mieux faire", voici en substance ce que la commissaire européenne, Kristalina Georgieva, en charge de la protection civile a développé devant les députés européen, lors d'une audition de la commission "Développement" consacrée à la réponse européenne sur le Pakistan, ce mardi au Parlement européen.

« La force de l'UE, je ne la vois pas comme un poste de commandement, avec tout le monde qui va m’obéir » a expliqué devant les députés la commissaire européenne. « Mais on peut mieux coordonner le travail avec les Etats membres, de façon plus visible. Lorsqu’on parle d’Union européenne, on doit voir 27 Etats membres qui parlent d’une seule voix. Or aujourd'hui, on a tendance à voir quelques pays et pas d’autres. Cette remarque peut aussi s'adresser à la Commission européenne », a-t-elle ajouté. « Nous devons faire notre autocritique et ne pas mettre uniquement en avant ce que fait la Commission européenne mais aussi, ce que font les autres, ce que nous faisons ensemble. »

Un dispositif d'anticipation des besoins

« L’UE a besoin d’un mécanisme de réponse de crise plus fort » a plaidé la commissaire. « Ce système fonctionne aujourd'hui. Mais ce que nous devons renforcer les moyens d'anticipation. A chaque fois qu'on demande aux Etats membres certains moyens, ils répondent présents. Mais nous ne savons jamais ce qu’ils vont répondre ». Un point que la commissaire a bien voulu m'expliciter un peu plus en détail. « Il s'agit, en fait, — précise Georgieva — de demander, par anticipation à chaque Etat membre ce qu'ils peuvent ou veulent fournir (équipes, matériels, pompes...), d'avoir ainsi une liste de moyens disponibles à tout moment. Cela aurait un avantage : savoir ce que l'on peut fournir à l'avance, permettre de faire une offre précise au pays qui subit une catastrophe naturelle, et être plus rapide et réactif dans la réponse ».

Emploi de forces militaires pour l'aide humanitaire : faire attention

Sur l'utilisation de moyens militaires, face à une situation humanitaire, la commissaire a exprimé devant les députés ses réticences. « Actuellement, les avions OTAN apportent de l’aide au Pakistan. C'est utile. Mais dans certains cas, cela peut avoir un effet plus négatif. Si vous pensez que l’aide humanitaire avec des moyens militaires n’est pas une bonne idée,  ... il faut y réfléchir. L'aide humanitaire doit rester absolument neutre » a-t-elle conclu, devant des parlementaires souvent opposés à cet usage mêlant moyens militaires et humanitaires. La commissaire avait déjà confié, avant son départ au Pakistan, être assez dubitative : « Il faut faire très attention, comment nous organisons notre coopération avec les militaires. On ne doit y recourir que si elle est nécessaire et appropriée. Or, parfois elle n’est pas nécessaire. Parfois elle n’est pas appropriée. »

télécharger le discours initial de la commissaire

(Nicolas Gros-Verheyde)

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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