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Les observateurs européens en terre sud-ossète: “exceptionnellement”

(BRUXELLES2) Pour la première fois, mardi dernier, les observateurs européens déployés en Géorgie (EUMM) ont été invités par les autorités sud-ossètes à se rendre sur leur territoire pour enquêter sur un incident.

Cette visite fait suite à l'arrestation, lundi 4 janvier, par les policiers géorgiens d'un résident sud-ossète, Genady Pliev. Un incident - qui n'est pas le premier - entre autorités géorgiennes et sud-ossètes. Il s'agit d'un "garde-frontière ossète kidnappé" par les forces géorgiennes, prétendent les Sud-Ossètes. C'est un "membre d'un gang illégal en possession d'une arme à feu" affirment les Géorgiens qui ne reconnaissent pas l'indépendance de la province sécessioniste. La situation est complexe avoue-t-on à EUMM. "Nous essayons de connaître tous les détails de ce dossier particulier et voyons comment le résoudre. Mais jusqu'à présent, la situation n'est pas claire avec des rapports contradictoires sur ce qui s'est exactement passé. » (1)

Les observateurs européens de l'EUMM ont pu ainsi se rendre sur les lieux, ont pu discuter avec les autorités locales et rendre visite aux parents de Pliev. Une visite, à titre exceptionnel, qui ne doit pas se renouveler, estiment les autorités sud-ossètes.

Le chef de la mission européenne d'observation, l'ambassadeur Haber, a appelé cependant à une réunion du mécanisme de règlement des incidents (IPRM) cette semaine, pour discuter de la liberté de mouvement le long de la "ligne administrative sud-ossète" ainsi que de
recherche des solutions sur les détenus
. L'IPRM - Incident Prevention and Response Mechanism - a été mis en place par la mission d'observation de l'UE - pour tenter de régler au plan local les incidents et trouver des solutions. Il réunit toutes les parties concernées : géorgiennes de Tbilissi, sud-ossètes de Tskhinvali (ou abkhazes le cas échéant), russes, européennes, OSCE). Mais les autorités sud-ossètes ont, pour l'instant, affiché leur refus de participer à cette réunion, estimant que le seul forum de discussion était les réunions à Genève (entre toutes les parties concernées).

Du coté européen, on a un avis différent.
« Le bon forum pour résoudre ces sujets est le processus d'IPRM - rappelle Haber. « Ce dossier comme d'autres montrent plus largement que des solutions doivent être recherchées concernant la liberté de mouvement, la sécurité et les détenus. Avec un peu de bonne volonté, les détenus des deux cotés pourraient retourner, finalement, chez eux. » (2)

NB : ce "chaud et froid" sud-ossète s'inscrit dans le climat d'une détente entre la Russie et la Géorgie. Moscou a ainsi autorisé la venue sans visa des citoyens géorgiens et le trafic aérien entre les deux pays. Un avion charter de la Georgian airways - la compagnie nationale - en provenance de Tbilissi, a ainsi pu se poser vendredi dernier sur l'aéroport de Moscou, une première liaison directe depuis l'interruption des vols, en août 2008.

 

(1) "We are trying hard to find out the details of this particular case and see what can be done to resolve the situation in the interests of all concerned. So far, the picture is unclear with conflicting reports of what exactly happened. We will continue to look into this in the coming days."(2) "Meanwhile, this case, following recent cases of detentions on both sides of the administrative boundary line, raises wider issues concerning freedom of movement, security, and detainees. Ultimately, with goodwill, detainees on both sides should be able to return to their homes. The right forum to address these issues is the IPRM process. I therefore call on all sides to meet early next week to discuss these issues."

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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