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La nouvelle Commission 2010: noms, portfolios, biographies (V3)

(B2) La liste des commissaires a été confirmée par José-Manuel Barroso, mercredi 25 novembre. Elle est conforme à ce qu'on annonçait sur ce site ces jours-ci. Pas de grosse surprise. Les Pays-Bas ayant longtemps tergiversé avant de se décider à reconduire Neelie Kroes (contre la promesse d'un gros portefeuille). Avant le sommet européen, il ne restait selon un officiel de la Commission européenne que 5 pays à ne pas l'avoir fait (Danemark, Grèce, Malte, Pays-Bas, Royaume-Uni). Mais les noms étaient souvent connus à défaut d'être confirmés officiellement. Et l'inconnue du Haut représentant levée, cela a permis de placer les autres noms. NB : si on veut se souvenir des premiers noms évoqués, voir mon pointage en juillet, on constatera de nombreux changements entre les pressentis et les nommés.

Calendrier

Si normalement il fallait attendre l'entrée en vigueur officielle du Traité de Lisbonne (le 1er décembre) pour avoir la nouvelle Commission, les 27 Chefs d'Etat et/ou de gouvernement avaient pris les devants. Et tous, peu ou prou, avaient, aux alentours des 19-20 novembre, fait connaître leur choix. Le président de la Commission européenne a donc pu annoncé la liste des noms qui composait le commissaire le 25 novembre et la répartition des portfolios le 27 novembre. Le Parlement européen peut alors commencer son travail d'audition - les auditions sont prévues du 11 au 19 janvier et le vote en plénière le 26 janvier. Des premiers "échanges de vues" - sortes d'audition tests - sont prévues pour certains Commissaires, notamment celle aux Relations extérieures (le 2 décembre). La nouvelle Commission prendrait alors ses fonctions début février (si tout va bien, ensuite si un ou deux commissaires sont "recalés"). Jusqu'à là l'actuelle Commission sera prolongée.


Allemagne. L'actuel commissaire Günther Verheugen (SPD/social-démocrate) s'en va. Pour le remplacer, la coalition au pouvoir a choisi un "poids lourd politique" selon les termes même, non ironiques, d'Angela Merkel : Günther Oettinger (CDU/PPE), jusqu'à présent président du Land de Baden-Württemberg. C'est la première depuis dix ans que la CDU envoie un des siens à la Commission (Schröder avait choisi comme deuxième commissaire une Verte, un affront qu'il fallait réparer).

• Oettinger connait un peu certains dossiers européens, comme le détaille Handelsblatt. Il a notamment approuvé la Commission dans sa volonté de supprimer la loi "Volkswagen" (voix de blocage au Conseil d'administration) et est un des plus fervents soutiens des réseaux trans-européens avec la ligne "est" Paris-Stuttgart-Bratislava-Budapest. Il est contre l'adhésion de la Turquie et a soutenu l'industrie automobile allemande dans sa lutte contre les quotas CO2. Il défend la langue allemande pour qu'elle retrouve son statut à part entière de langue de travail comme le Français et l'Anglais.

• Postes visés : Transport, Industrie, Energie. Portefeuille attribué : Energie

Autriche. De par l’accord de la coalition au pouvoir - socialiste/chrétienne démocrate (SPO/OVP) – le poste est normalement dédié aux conservateurs (OVP/PPE). Mais ceux-ci ont été divisés et les couteaux tirés. Wilhelm Molterer, porte-parole constitutionnel de l'OVP au parlement national, avait été le candidat préféré puis oublié, les socio-démocrates notamment s'opposant à sa nomination. Le nom d’Ursula Plassnik (ÖVP) a aussi été avancé mais jamais confirmé, elle bénéficiait de solides... inimitiés dans son parti. La commissaire actuelle Benita Ferrero-Waldner (OVP) voulait bien rester mais n'était pas soutenue à Vienne.

• Finalement le choix s'est fait sur Johannes Hahn (PPE), l'actuel ministre de la Recherche et des Sciences (depuis 2007) et chef du parti OVP à Wien, il a également été au cabinet de Fayman (l'actuel chef de l'OVP). Détails dans Der Standard. Portefeuille attribué : Politique régionale.

Belgique. Karel de Gucht (VLD/ADLE) qui a remplacé son compatriote Louis Michel élu au Parlement européen, au poste de commissaire au Développement et à l’Aide humanitaire, reste dans la Commission 2009. Agé de 58 ans, cet avocat de formation a été Ministre des Affaires étrangères en Belgique. Il y a exercé avec talent son franc-parler, provoquant même une rupture des relations diplomatiques entre le plat pays et le Congo, pour avoir exprimé tout haut ce que tout le monde dit tout bas : le haut niveau de corruption de l'ancienne colonie belge (ex-Zaïre). Lire son portrait tiré dans Le Soir

• Postes visés : le même, Energie, économique.

Portefeuille attribué : Commerce (OMC)

  Bulgarie. Le renouvellement de l’actuelle commissaire à la Consommation, Meglena Kuneva (MSNE Mouvement Siméon II/ADLE) n'a pas été souhaité par le gouvernement. Elle pourrait devenir une des candidates à la présidence de la république. Le nouveau Premier ministre Boiko Borisov a toujours indiqué qu’il souhaitait un nouveau nom. Ce sera donc Roumiana Jeleva qui a l'avantage d'être membre de son parti (GERB/PPE).

• Eurodéputée puis ministre des Affaires étrangères.

Portefeuille attribué : Aide humanitaire (et Protection civile)

Chypre. L'actuelle commissaire à la Santé, Androulla Vassiliou (Libéral/ADLE), est renouvelée.

Portefeuille attribué : Education et culture (multilinguisme, traduction).

Danemark. La commissaire actuelle à l'agriculture, Mariann Fischer-Boel (Venstre/ADLE), part. Les laitiers ne pleureront pas son départ (d'ailleurs les agriculteurs pleurent rarement leur commissaire à l'Agriculture). Pour la remplacer, le gouvernement danois a hésité entre Eva Kjer Hansen (Venstre/ADLE), l'actuelle ministre de l'Agriculture, de l'Alimentation et de la Pêche, ou Ulla Tørnæs, actuelle ministre de la Coopération. Mais finalement c'est Connie Hedegaard (Conservative/PPE), l'actuelle ministre du climat qui était la candidate souhaitée par José-Manuel Barroso. C'est, d'une certaine façon, rendre hommage au pays qui aura accueilli la conférence internationale sur le climat en décembre 2009 mais aussi permettre d'avoir quelqu'un immédiatement opérationnelle.

Avant d'être ministre, elle a été journaliste, au quotidien Berlingske Tidende et comme présentatrice Tv à DR2.

• Poste visé et attribué : Action climatique - un poste "transversal" où elle devra partager son "pouvoir" avec les commissaires à l'Environnement, à l'Energie ou au Tranport

 Espagne. Le commissaire actuel, Joaquim Almunia (S&D), chargé de l’Economie, est candidat au renouvellement et a été confirmé par son gouvernement.

Portefeuille visé et attribué : Concurrence (vice-président). A noter que les aides d'Etat traditionnellement rattachées au portefeuille du Transport élisent domicile à la Concurrence.

 Estonie. Le commissaire actuel à l'Administration, Siim Kallas (passé du PC au Parti de la Réforme/ADLE) reste.

• Poste visé : le même (l'administration). Portefeuille attribué : Transport

Finlande. L' actuel commissaire à l'élargissement, Olli Rehn (Parti du centre/ADLE), a été désigné officiellement par le gouvernement finlandais, début octobre. Il était candidat pour le poste de Haut représentant. Poste visé : tout sauf l'élargissement. portefeuille attribué : Affaires économiques et monétaires.

France. Le candidat "naturel" est, depuis le début, Michel Barnier (UMP/PPE). Nicolas Sarkozy, le président de la République, qui a la haute main sur la nomination du commissaire, l'a confirmé publiquement, au sommet européen, le 30 octobre.

• Aujourd'hui député européen, Barnier a été ancien ministre de l’Agriculture (Sarkozy), des Affaires étrangères (Chirac/De Villepin) et ancien commissaire européen à la politique régionale ainsi qu'aux affaires constitutionnelles (1999/2004). Membre de la Convention européenne, il avait notamment été chargé du rapport sur la défense européenne.

• Poste visé et attribué : Marché intérieur.

Grèce. L’arrivée d’un nouveau gouvernement socialiste a changé la donne à Athènes. Exit les deux candidats potentiels - le commissaire actuel, Stavros Dimas (Nouvelle Démocratie/PPE) chargé de l'environnement, et l’ancienne ministre des Affaires étrangères de Caramanlis, Dora Bakouyanis, pressentie pour prendre la tête de l'opposition. Après avoir envisagé de nommer la députée européenne du Pasok, Marilena Koppa, spécialiste des Balkans, le gouvernement a nommé Maria Damanaki (Pasok, S&D).

• Née en 1953, Maria a commencé sa carrière politique à l'université, dans les jeunesses communistes. C'était encore au temps de la junte. Et elle a pris part aux manifestations à l'école Polytechnique en 1973. En 1989, elle devient ensuite leader de la coalition de partis de gauche, Synaspismos, mais démissionne à la suite de la défaite électorale en 1993. En 2003, élue au Parlement elle démissionne et rejoint le Pasok où elle intègre rapidement les structures dirigeantes. Rééelue au Parlement sous l'étiquette Pasok, elle siège aux commissions "Culture" et "Europe". Au Pasok, elle a d'abord eu en charge les affaires sociales et l'éducation. Elle était en dernier lieu chargée de coordonner la culture. Elle a écrit deux ouvrages : "Les femmes face au pouvoir" en 1995, "le retour du politique" en 2001 et mère de trois enfants.

• Postes visés : pêche et les affaires maritimes ou éducation et culture. Portefeuille attribué : Pêche et affaires maritimes

Hongrie. De nombreux noms avaient été avancés pour remplacer László Kovacs, y compris son éventuelle prolongation. On a parlé de László Balazs, le ministre des Affaires étrangères, puis du Premier ministre lui-même, Gordon Bajnai (MSzP/S&D), du ministre des Finances, János Veres, de l'ancienne ministre des Finances (aujourd'hui députée européenne), Edit Herczog, et même de la vice-ministre de la Défense, Agnes Vadai.

• Finalement ce sera László Andor (proche du MSzP, S&D), un professeur d'économie, actuellement membre de la Banque européenne de reconstruction et de développement, sans attache politique mais proche du MSzP. Il est auteur de plusieurs ouvrages notamment : "Hungary on the road of European Union : transition in blue" (Greenwood Press, 2000), "Market Failure: A Guide to the East European Economic Miracle" (Pluto Press 1998). Dans ce dernier ouvrage, il explique notamment que la course de vitesse, inspirée par l'Occident pour, après 1989, démanteler les économies sous contrôle de l'Etat avait délibérément pour objectif prévenir la montée de la sociale-démocratie. En 2008, il signait un papier dans The Guardian plaidant pour un changement de la stratégie d'élargissement de l'eurozone des critères de Maastricht : « The Maastricht criteria have to be shelved in order to maintain stability not just in Hungary, but in Europe as a whole, where major banks are exposed to serious risks in new member states. In other words, the collapse of emerging economies could trigger, as Susan George put it once, a boomerang effect. ». Il y a rappelait notamment le trajet particulier de la Hongrie dans les réformes économiques. Dès 1982, elle adhérait au FMI (quand les autres pays de l'Est le feront après la chute du mur en 1989). Le pays était particulièrement sensible aux crises économiques. Mais un impact de la crise ne pouvait être disjoint de ses conséquences au plan européen (lire). De façon plus anecdotique, il a également signé un hommage à Puskas, le footballeur hongrois décédé en 2006 (lire). Voir son portrait dans le journal francophone de Budapest.

• Poste éventuel : la politique régionale.  Portefeuille attribué : Emploi, affaires sociales et inclusion

Irlande. Pour remplacer le contesté Charlie McCreevy, actuel commissaire au Marché intérieur, une femme, Maire Geoghegan-Quinn (FionnaFail/ADLE) a été choisie.

• Née en septembre 1950, agée de 59 ans, ancienne ministre de l'Education puis de la Justice, Geoghegan-Quinnest une forte personnalité. Elle a introduit la loi prohibant les discriminations sur les homosexuels, elle siège actuellement à la Cour des Comptes européenne. Lire sa bio dans l'Irish Times.

• Poste visé : le budget, l'innovation, les affaires administratives... ou la Justice. Portefeuille attribué : Recherche et innovation

   Italie. L'actuel commissaire aux Transports, Antonio Tajani (PDL/PPE) est renouvelé. Il avait été question un moment du poste de Haut Représentant pour Massimo d'Alema (S&D), mais son nom a été retiré.

Portefeuille attribué : Entreprise et industrie

 Lettonie. Andris Piebalgs (Latvijas Cels "la voie lettone"/PPE), le commissaire actuel, est renouvelé. Il n’y a pas vraiment d’autre candidat dans son pays. Propulsé par défaut en 2004, il n'a pas fait un si mauvais parcours au poste de commissaire à l’Energie malgré des débuts balbutiants.

Portefeuille attribué : Développement

Lituanie. Algirdas Gediminas Semeta (-), le commissaire nommé en remplacement de Dalia Grybauskaité, devenue Présidente de Lituanie en mai 2009, reste dans la Commission 2010.

Portefeuille attribué : fiscalité et douanes

     Luxembourg. La commissaire chargée de la société de l'information, Viviane Reding (CSV/PPE), a été désignée pour rester à la Commission. C’est son troisième mandat qui en fait la vétérante de l’institution. Elle compte en profiter pour demander un poste plus important, en matière économique par exemple. Un autre a été obtenu important et visible.

Portefeuille attribué : justice, citoyenneté et droits fondamentaux

      Malte. Le commissaire chargé de la Pêche, Joe Borg (Parti national/PPE) était candidat à la reconduction. Mais le gouvernement a préféré un autre candidat: John Dalli (parti national/PPE), l'actuel ministre de la politique sociale, qui a occupé divers postes ministériels depuis 1987.

Poste envisagé : affaires sociales. Portefeuille attribué : Santé et consommateurs

Pays-Bas. L'actuelle commissaire à la concurrence, Neelie Kroes (VVD/ADLE), avec son bon parcours, et son désir de rester à Bruxelles, a finalement été reconduite. Plusieurs candidats avaient cependant été cités durant ces derniers mois : coté CDA/PPE (Chrétien-démocrate), Piet-Hein Donner (ministre des Affaires sociales) ou Cees Veerman (ancien ministre de l'agriculture, déjà candidat en 2004), et même Jaap de Hoop Scheffer (ancien secrétaire général de l’OTAN) pour le poste de Haut représentant ; coté PVDA/S&D (social-démocrate), Frans Timmermans (Affaires européennes) ou son prédécesseur Dick Benschop. NB: Le Premier ministre J.P. Balkenende qui visait plutôt la présidence du Conseil européen a été "barré" assez rapidement par plusieurs pays, notamment les Allemands qui ne voulaient pas de lui. Même si Neelie Kroes a le grand tort de n’être pas du même bord que la coalition au pouvoir, une forte pression s'est fait jour pour qu'elle puisse rester à la Commission. Les Pays-Bas craignaient d'être relégués dans un portefeuille moindre.

• Portefeuille envisagé : nouvelles technologies et telecoms, ou Commerce. Portefeuille attribué : nouvelles technologies (vice-présidente) Nb : sans le secteur "médias".

Pologne. Malgré la désignation d’un autre commissaire, Pawel Samecki, pour remplacer Danuta Hübner au portefeuille de la Politique régionale dans l’actuelle Commission, c’est Jacek Lewandowski (PO-PPE), qui est le candidat de Varsovie pour être le nouveau commissaire.

• Ancien de Solidarnosc, il est député européen et vice-président de la Commission du budget au Parlement européen.

• Postes visé et attribué : budget et programmation financière.

Portugal. José-Manuel Barroso (PPE), actuel président de la Commission, a été confirmé à la tête de la présidence de la Commission. Ce sera son deuxième mandat (de cinq ans). Il a été Premier ministre du Portugal jusqu'à 2004. Portefeuille : président (secrétariat général, service juridique, service du porte-parole)

Roumanie. Le ministre de l’Agriculture, Dacian Ciolos (-), avait été confirmé officiellement par le gouvernement, avec le soutien des deux principaux partis (socialiste du PSD et libéral du PDL). Mais le gouvernement est tombé le lendemain de sa nomination. Après quelques tergiversations, et hésitations, le gouvernement a finalement décidé de maintenir ce choix. Dacian Ciolos a fait ses études en France, à Rennes, et a travaillé dans l'agriculture biologique.

• Du coup le poste visé et le portefeuille attribué : Agriculture et développement rural.

 Royaume-Uni: l'actuelle commissaire (Commerce) Catherine Ashton (Labour/PSE), nommée en octobre 2008, en remplacement de Mandelson reparti à Londres, souhaite être renouvelée. Le poste de Haut représentant avait été proposé à David Miliband (Labour/PSE). Mais il l'a refusé (partir à Bruxelles était un enterrement). Et Gordon Brown ne voulait pas se défaire de lui. L'hypothèse Geoff Hoon a été testée, trop risquée. Finalement donc, Ashton est restée. Et les Britanniques ont emporté le poste de Haut représentant tout de même. Un beau coup de poker.

• Catherine Ashton n'a pas d'expérience de la diplomatie en tant que telle et a davantage occupé des postes dans le domaine social et d'éducation. Après des études d'économie à l'Université de Londres, elle est secrétaire administrative du CND la campagne pour le désarmement nucléaire (1977-79) puis en devient vice-présidente, elle le quitte en 1983, directeur de Business in the Community (une association d'employeurs qui met la responsabilité sociale au cœur de ses responsabilités et est soutenue par le Prince Charles) et met en place le forum des Employeurs sur le handicap. Elle préside ensuite l'autorité de santé dans le Hertfordshire (1998 - 2001) et devient Vice-Président du Conseil national des familles monoparentales (One Parent Families). Elle est faite paire du royaume en 1999 (life peer) comme Baroness of Upholland. Sous-secrétaire parlementaire au Département (ministère) de l'Education en 2001, elle est même quelques jours ministre de l'Agriculture sous Tony Blair avant de rester sous-secrétaire parlementaire au Département des affaires constitutionnelles en 2004, puis sous-secrétaire d'Etat parlementaire au ministère de la Justice en mai 2007. Peu après, elle est nommée au cabinet de Gordon Brown comme leader de la Chambre des Lords et de lord président du Conseil. Mais elle surtout un haut fait d'armes à son actif : avoir en tant que leader de la chambre des Lords réussi à faire passer la ratification du traité de Lisbonne.

• Portefeuille attribué : Haut représentant à la politique étrangère, vice-président de la Commission chargée des relations extérieures.

 Slovaquie. Le commissaire à l'Éducation, Jan Figel (KDH/PPE), revenu à la politique nationale comme leader du parti, a été remplacé, en octobre 2009, par Maros Sefcovic (-). (NB : le nom du ministre des Affaires étrangères, Miroslav Lajcak, avait aussi été avancé un moment).

• Né à Bratislava en 1966, lui aussi (comme Füle) est passé par l'école des Relations internationales de Moscou, il a servi dans le ministère tchécoslovaque des Affaires étrangères à partir de 1990. Après le partage du pays en 1993, Sefcovic a continué au sein de la diplomatie slovaque et a notamment été ambassadeur à Tel-Aviv en Israël de 1999 à 2002. A l'adhésion, en 2004, il passe à Bruxelles comme représentant permanent auprès de l'UE, poste qu'il a occupé jusqu'à 2009.

Portefeuille attribué : relations inter-institutionelles et administration

  Slovénie. Le commissaire actuel à la Recherche, Janez Potocnik (LDS/ADLE) est reconduit par le gouvernement de coalition de centre-gauche.

• Poste visé : le même (Recherche). Ou un poste à valeur économique.

Portefeuille attribué : environnement

Suède. A Stockholm, après l'hypothèse "Carl Bildt" (Modérés/PPE), pour le poste de Haut représentant, et celle de l’actuelle ministre du Développement, Gunilla Carlsson, qui a siégé au Parlement européen de 1999 à 2002, à la commission des affaires étrangères et défense, c'est finalement Cecilia Malmström (Parti libéral/ALDE) qui a été retenue.

• Ministre des Affaires européennes depuis 2006,  elle a siégé auparavant au Parlement européen (depuis 1999) à la commission des Affaires étrangères (et comme suppléant à la commission du marché intérieur). Elle s'y est distinguée en animant la campagne pour le siège unique du Parlement européen (à Bruxelles) et donc son départ de Strasbourg. Son Cv indique des expériences diverses : assistant technique à SKF à Paris, infirmière psychiatrique, enseignante en sciences sociales pour adultes (jusqu'à 1992), chercheuse à l'université de Göteborg (1992-1999) avant d'entrer en politique : elle est membre de l'exécutif du parti libéral du Peuple en 1997, du Conseil régional de Västra Götaland en 1998. Née à Stockholm en 1968 (le 15 mai), elle a fait ses études en France (à Sorbonne, littérature en 1987) et à Göteborg (doctorat de sciences politiques). Elle a deux enfants.

Portefeuille attribué : affaires intérieures

 Rép. Tchèque. Le capharnaüm a longtemps régné. Chaque parti a proposé un candidat. L'actuel commissaire européen à l'Emploi, Vladimir Spidla (CSSD/PSE), pour les socio-démocrates ; l'ancien ministre des Affaires étrangères, Alexandr Vondra (ODS/PPE) pour le parti chrétien-démocrate, voire l’ancien Premier ministre Mirek Topolanek (ODS / PPE). Devant l'impasse politique, plusieurs autres noms ont été cités, chaque semaine amenant une nouvelle hypothèse, citons : Marek Mora, l’actuel vice-Ministre des Affaires européennes; Jan Svejnar, le candidat défait à la présidentielle ; Jan Kohout, l’actuel ministre des Affaires étrangères ; ou Vladimir Douhy (ODS), membre du PC jusqu'à 1989 puis de l'ODA ensuite, ancien ministre de l'Industrie et du Commerce, de 1992 à 1997, grand artisan des privatisations, banquier chez Goldman Sachs ; l'actuel gouverneur de la Banque nationale tchèque, Zden?k T?ma. Le nom de Jan Fischer (-), l’actuel Premier ministre du gouvernement technique, ancien directeur de l'Office des Statistiques, a même été cité, mais l'intéressé s'est ravisé et a dénié le poste.

• Finalement c'est Stefan Füle, l'actuel ministre des Affaires européennes (proche du CSSD/S&D) formé à l'école des relations internationales de Moscou, ancien ambassadeur de son pays à l'OTAN, et en tant que tel farouche partisan du bouclier anti-missiles, qui revient à Bruxelles, cette fois comme commissaire européen.

Portefeuille attribué : élargissement


Première analyse

Au premier bilan on peut faire quelques constats :

• Politiquement, il y a une nette prédominance de la droite - les chrétiens-démocrates du PPE (11, contre 9 aujourd'hui) et les libéraux de l'ADLE (8 contre 10 aujourd'hui) - tandis que les sociaux démocrates S&D plafonnent (4 contre 6 aujourd'hui), et 4 "techniciens". Si on rattache les "techniciens" au parti politique dont ils sont proches, l'équilibre global ne change pas beaucoup. On arrive à 12 Chrétiens-Démocrates, 9 libéraux et 6 socialistes. Cela est en ligne logique avec la couleur politique des chefs de gouvernement mais n'est pas en relation avec la composition de la majorité des gouvernements européens, où les coalitions gauche-droite sont nombreuses. Et l'équilibre général entre la Gauche-Droite en Europe (qui oscille souvent entre 40-60%) est  rompu. Cela constitue donc un risque pour une institution dont la fonction est normalement de représenter l'intérêt général européen. D’autant qu’en cinq ans, la tendance peut s’inverser dans les Etats membres. A cela il faut ajouter un certain manque d'homogéité des partis politiques : un social-démocrate tchèque ou britannique est plus proche d'un libéral néerlandais tandis qu'un libéral belge ou un UMP français est plus proche d'un socialiste espagnol...

• Le nombre de femmes a progressé depuis les premiers comptages. Début septembre, il y avait seulement 4 femmes nominées. Début novembre, on en avait 7 ou 8. Il y en a désormais 9 (contre 10 au début de la Commission 2004 mais 8 seulement aujourd'hui). Ce qui est déjà plus acceptable mais pas encore suffisant pour atteindre la parité. Aucun commissaire, en revanche, n'est issu d'une minorité. C'est d'ailleurs un problème général de la haute fonction publique européenne qui ne compte quasiment pas de membres issus de communautés immigrées hors d'Europe.

• La moitié du collège reste en poste : 15 sont des anciens (12 si on décompte ceux qui n'ont pas été nommés cette année : Belgique, Lituanie, Slovaquie). Et 6 sont vraiment nouveaux. 4 ne sont pas vraiment en terrain inconnu à Bruxelles : ils reviennent à la Commission après un détour dans un gouvernement national (France) ou étaient précédemment au Parlement européen (Pologne), après un détour national (Suède, Bulgarie).

Nb : Cette Commission devrait s’enrichir, en cours de mandat, de plusieurs noms supplémentaires, au fil des adhésions : un commissaire islandais voire un commissaire croate, si les processus d'adhésion se déroulent sans accroc.

(Nicolas Gros-Verheyde)

(dernière mise à jour : 27 novembre 2009)

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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