Haber (EUMM Georgia): l’accord Medvedev-Sarkozy toujours pas respecté
(BRUXELLES2) Le chef de la mision des observateurs européens en Géorgie (Eumm Georgia), Hansjörg Haber était présent à Bruxelles pour un petit point de situation, un an après le début du déploiement des observateurs : « la situation est meilleure qu'on a pu l'espérer » a-t-il expliqué. « La mort d'un ambulancier (en juin) n'est pas le signal d'un retour à la tension. » « Le mécanisme de prévention des incidents fonctionne bien. » « Peu à peu les forces des autorités administratives de facto (NB : Ossétie du sud et Abkhazie) ont une attitude plus détendue à notre égard » Eumm a sur place 210 - 220 observateurs, tous provenant de pays membres de l'Union européenne.»
Le plan Medvedev-Sarkozy toujours pas entièrement respecté. Du bout des lèvres, l'ambassadeur européen a reconnu que le plan Medvedev-Sarkozy de 2008 n'était toujours pas vraiment respecté. Les Russes tiennent toujours la position de Perevi - qui n'est "pas situé à l'intérieur des limites administratives de l'Ossétie du Sud" mais en "Géorgie". Et ils ne se sont pas retirés sur la ligne de front antérieure au conflit. C'est-à-dire au-delà de l'Abkhazie ou de l'Ossétie du Sud. Ils ont annoncé une baisse des effectifs, "de moitié environ, passant de 3600 à 1700 hommes dans chaque base" a-t-il assuré, "bien que nous n'ayons pas de preuve de ce mouvement" (NB : le chef d'Etat major russe avait annoncé cette baisse, car "rien ne justifiait de maintenir des tels effectifs").
Pas de surveillance maritime. Haber a reconnu que la mission suivait la situation en mer mais n'avait pas de mission d'observation en tant que telle. « EUMM n'a pas de navire à disposition. Nous n'observons pas la situation maritime, ni les mouvements de bateaux. (Mais) nous suivons la situation de près. Une réunion du mécanisme de prévention des incidents a eu lieu (sur ce sujet) ». Ce pourrait peut-être un des points de développement, même si l'ambassadeur n'a pas voulu en dire plus. On sait, en effet, que la situation est tendue. Les Géorgiens ont
établi un blocus de l'Abkhazie et ont intercepté fin août un pétrolier turc et retenu son équipage. Les gardes-côtes russes viennent d'y déployer 8 bateaux pour empêcher les Géorgiens d'approcher des côtes abkhazes et rétablir le trafic.
4e réunion du mécanisme de prévention des incidents
Pas d'Américains dans la mission. La proposition - faite par les Géorgiens - d'incorporer des Américains à la mission de l'EUMM a été reçu avec beaucoup de prudence par le diplomate (c'est un euphémisme). Elegamment, il a répondu que "les forces européennes suffisaient pour le moment" sur place. Un refus poli mais ferme. On sait que, même si d'un point de vue opérationnel, ce n'est pas toujours nécessaire, l'UE a souvent accepté les contributions d'Etats tiers dans ses missions (Croates pour Atalanta, Albanais pour le Tchad ou Américains en Guinée-Bissau...). Une contribution souvent symbolique politiquement. Ici c'est le contraire. Effectivement les effectifs sont assurées par les "contributions des Etats membres". Mais, surtout, la présence des Américains serait ressentie un "chiffon rouge" pour les Russes et compromettrait l'ensemble de la mission. L'ambassadeur n'a - bien entendu - pas été dans tous ces détails. Mais la brieveté de sa réponse était éloquente.
Redéploiement. EUMM a réorganisé, à la mi-septembre, ses forces autour de trois "Field offices" :
- Le plus gros à Gori (proche de la limite Ossétie du Sud) : 112 personnes, 4 équipes (2 ABL Confidence Building, 1 Vérification, 1 Droits de l'homme / questions humanitaires).
- le second à Zougdidi (proche limite Abkhazie) : 76 Personnel, 3 équipes (1 ABL Confidence Building, 1 Vérification, 1 Droits de
l'homme / questions humanitaires).
- le dernier à Mtskheta (près de Tbilissi) : 64 personnes, 2 équipes (1 de vérification, 1 sur les droits de l'homme ou questions humanitaires).
Les observateurs opèrent dans des équipes qui se concentrent sur trois domaines : la surveillance de la Ligne frontière administrative (ABL) et le rétablissement de la confiance ; les équipes de "conformité" qui vérifient le suivi des installations militaires et de sécurité, afin de respecter les protocoles passés entre l'EUMM et les ministère de l'Intérieur et de la Défense ; les Droits de l'homme ou les questions humanitaires, y compris la situation de toutes les personnes déplacées en août 2008 (et auparavant) dans la zone tampon au nord de Gori.
(crédit photos : Eumm Georgia)