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Berlusconi prône un retour rapide à la maison des “ragazzi” d’Afghanistan (maj)



(BRUXELLES2) Silvio Berlusconi, à son arrivée au Conseil européen a fait sensation en semblant accréditer l'idée d'un retrait d'Afghanistan des troupes italiennes. Certes, c'était entouré de mille précautions, soulignant qu'il s'agit "d'un problème international et non d'un pays tout seul. Et se retirer serait trahir l'accord et la confiance des gens". Mais c'était spontané, le président du Conseil italien répondait aux questions des journalistes, placés (comme c'est l'habitude) derrière les barrières de sécurité. Il pouvait choisir de ne pas répondre. Il y a répondu. Et c'est ainsi le premier chef de gouvernement de la coalition engagée en Afghanistan à déclarer publiquement, après la mort de plusieurs de ses militaires que : "Nous sommes tous convaincus que nous devons tout faire pour que nos garçons rentrent à la maison aussi tôt que possible".

 

Crédit photo : © Thierry Monasse

Forte réduction, rapide. Le leader italien a ensuite précisé qu'il y aurait rapidement "une forte réduction du contingent". "500 soldats vont rentrer à la maison". En fait, il s'agit du contingent supplémentaire envoyé pour les élections. Une décision que plusieurs pays semblent bien décidés à suivre : les contingents supplémentaires envoyés pour les élections ne resteront pas (ce qui confirme la tendance que j'avais indiqué sur ce blog en juillet). "Une décision qui pourrait être prise, en concertation avec nos partenaires internationaux, dans les jours, les semaines qui viennent".

"Difficile d'amener la démocratie aux autres". Il est vrai qu'en Italie, la mort des six italiens a été ressentie avec émotion (cf. minute de silence au Parlement européen) et prend une tournure très politique, divisant la majorité même. Paradoxalement, c'est avec ses alliés de droite au gouvernement que Berlusconi a le plus à faire. Umberto Bossi, leader de la Ligue du Nord, s'est ainsi prononcé très franchement, jeudi, pour une "fin de la mission".
La mission en Afghanistan est terminée - a-til déclaré à Monfalcone (Gorizia). "Même s'il ya quelqu'un qui pourra dire que, c'est comme concéder une victoire au terrorisme. Peut-être est-ce en partie vrai. Mais il est difficile de réussir à amener la démocratie dans les maisons des autres". Et d'ajouter : "J'espère qu'à Noël tout le monde sera à la maison". Une décision partagée de l'autre coté de l'échiquier par le parti "Italie des Valeurs" de l'ancien juge antimafia, Antonio Di Pietro. La plupart des autres partis sont plus mitigés (PDL de Berlusconi, centristes de l'UDC et socio-démocrates. Le président de la République, Napolitano (social-démocrate), a ainsi été beaucoup plus  circonspect, estimant qu'il "fallait d'abord un débat au Parlement avant de se prononcer".


Photo : Corriere della Sera / agences

Commentaire: un air de débandade. Précise dans le calendrier : "aussi tôt que possible", "décision dans les jours qui viennent", cette "décision" reste floue dans l'ampleur de la réduction, soulignant cependant qu'elle sera "forte" et assortie d'une "concertation avec les partenaires"... C'est l'exmple type d'une déclaration politique qui ménage le chèvre et le chou. Au point qu'on peut dire qu'il y a une non décision.
Mais publiquement on ne retiendra qu'une chose : "Berlusconi annonce le retrait". Cette "non-décision" italienne est la pire de toutes. Non réfléchie, non justifiée, édictée "au coin de la rue", elle présente un air de débandade, néfaste. Elle accrédite l'idée que quelques morts  suffisent à entraîner le retrait d'un contingent. Elle constitue un encouragement tacite aux rebelles de continuer et désigne comme cible privilégiée les Italiens, qui deviennent le talon d'achille de la coalition. Plus que jamais, il semble donc important d'aborder publiquement la discussion sur le calendrier de retrait.
Lire les commentaires politiques du "Corriere"
Voir la vidéo tournée après l'attentat par l'AFP

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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