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[Yougoslavie Mémoire d’un désastre] 1995. Quand l’Europe faillissait à son devoir …

(BRUXELLES2) La normalisation des relations entre la Serbie et l'Union européenne est actuellement bloquée par les Néerlandais (et les Belges), considérant que Mladic n'est pas livré au tribunal international pour l'ex-Yougoslavie, ou que des preuves patentes de la  collaboration de la Serbie avec le Tribunal n'ont pas été apportées.

Parfois dans certains cercles européens, on maudit ces "satanés" Néerlandais qui empêchent cette normalisation. Et on préfère parler - à l'image du tout nouveau président du Parlement, le Polonais Jerzy Buzek, à qui les journalistes ont posé la question mardi -, de nécessaire réconciliation et de respect des droits de l'homme, en termes généraux. Il faut le souligner : les Néerlandais ont raison de bloquer cet accord (1) !

On ne peut pas, en effet, passer sous silence l'histoire.Un des massacres les plus sordides et les plus importants de l'histoire de l'Europe moderne a eu lieu à quatorze ans. Là, la Communauté internationale - et l'Europe - ont failli à leur devoir premier : protéger les populations civiles mises sous leur protection.

Qu'on se souvienne. A la mi-juillet 1995, ils attaquent les "enclaves" bosniaques, placées cependant sous la protection des Nations-Unies. Notamment à Srebrenica, où la situation allait devenir dramatique. Prenant sous le feu, le détachement néerlandais de 450 casques bleus qui assurait la protection de la zone, faisant 30 prisonniers pami les militaires des Nations-Unies, les forces bosno-serbes de Mladic arrivent dans la zone le 11 juillet.

Malgré la demande du Col. Karremans, commandant le détachement, d'un appui aérien, le commandement international, assuré notamment par le général Janvier refuse cet appui, par crainte de faire d'autres victimes, notamment les militaires otages. Au camp de Potocari, environ 20 000 civils ont trouvé refuge. Ils croient être en sûreté. Erreur. Si les Serbes autorisent l'évacuation - par car - de femmes et d'enfants, ils retiennent les hommes. 8372 personnes - selon le décompte officiel - furent tuées en quelques jours. Le 21 juillet, les soldats néerlandais sont autorisés à quitter l'enclave, cadeau et verre de l'amitié en prime.

Pour mémoire, ce reportage éloquent de la BBC (même si il est à prendre "avec des pincettes" car il s'appuie en partie sur des images de propagande tournées par les Serbes eux-mêmes). En trois parties

Suite : 2e partie et 3e partie


(1) Autre chose est la libéralisation des visas pour les Serbes que la Commission européenne vient de décider aujourd'hui. Il n'est pas nécessaire de punir un peuple pour les méfaits de son gouvernement. Plus discutable est le fait de ne pas accorder aux Bosniaques le même traitement
(même si elle peut se justifier sur d'autres critères).

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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