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Le système sanitaire à Gaza, au bord de l’effrondrement, dit l’ONU

(B2)Les rapports du Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) et du CICR se succèdent sur la situation médicale et humanitaire à Gaza et on ne peut pas dire qu'ils incident à l'optimisme. Voici un résumé du dernier rapport

800 morts, 3300 blessés. Selon les chiffres du Ministère de la santé, le 9 janvier à 17 h, la barre des 800 morts et au moins 3.300 blessés a été franchie, en quatorze jours d'opération israélienne. Parmi eux figurent les premières victimes étrangères : une femme ukrainienne (mariée à un médecin palestinien) et son enfant a été tuée lorsqu'un obus tiré par un char israélien a atteint la maison où elle résidait, maison située dans une  coopérative d'habitation pour les médecins de la région de Zeitoun dans la ville de Gaza. Coté isralien, on a un bilan de 10 soldats et 4 civils tués. Ce qui est inquiétant est le nombre d'enfants tués à Gaza - comme le montre le graphique ci-dessous.

Au bord de l'effrondrement. "La situation sécuritaire continue d'empêcher le personnel médical d'atteindre les hôpitaux et les cliniques". Et l'OMS a averti que le système de soins de santé était "au bord de l'effondrement", le personnel médical étant à bout de forces, travaillant 24 heures sur 24, et dans des conditions difficiles (sans ou avec peu d'électricité...). Il est à craindre également que le bilan humain s'aggrave car seuls les soins chirurgicaux et d'urgence sont assurés. Le traitement des malades chroniques (cancer, dialyse...) n'est plus assuré. Sur les 56 centres de soins de santé primaires, 34 restent ouverts, mais avec une réduction de 90% des visites!

Limitation des mouvements de l'UNRWA et du CICR. L'UNRWA (l'Office de l'ONU d'aide aux réfugiés palestiniens) a maintenu la "suspension des mouvements de personnel dans l'ensemble de la bande de Gaza", une décision "justiiée par des incidents dans lesquels le personnel de l'UNRWA, des convois et installations ont fait l'objet d'attaques" (attaque d'un camion de l'ONU et d'une école portant l'emblème de l'ONU). Quant au CICR - le Comité international de la Croix-Rouge, il a déclaré qu'il ne mènera pas de "convoi de secours en dehors de la ville de Gaza le 9 Janvier".

Abris insuffisants. De nombreux cvils "continuent à fuir leur foyer pour un refuge". L'UNRWA a ainsi ouvert 27 abris dans la bande de Gaza (des écoles de l'Unwra, et d'autres bâtiments et
structures sans protection spéciale) qui ont accueilli "plus de 21.200 personnes déplacées, contre quelques centaines la semaine dernière".

Peu d'électricité, peu d'eau, pas de téléphone, déchets. La plupart des lignes électriques ont pu être réparées, sauf celle au nord-ouest. Mais comme la centrale électrique ne fonctionne
pas, de nombreuses zones restent sans électricité. Conséquence : beaucoup de puits d'eau et d'assainissement ne fonctionnent pas (les pompes sont électriques). Et comme le fuel arrive au compte goutte, il n'y a pas de possibilité de faire marcher les générateurs. Le téléphone est aussi absent. 80-90% du réseau de l'opérateur de téléphonie mobile est en panne et les lignes fixes ne fonctionnent pas. Les déchets s'amoncellent y compris dans les hopitaux. Ce qui commence à poser des problèmes sérieux d'hygiène.

Ravitaillement. Un total de 89 camions, dont 40 pour les organismes d'aide ont été autorisés à entrer à Gaza par Kerem Shalom, le 8 janvier ; 41 camions commerciaux le 9 janvier. 14 camions de matériel médical ont pu rentré au point de Rafah ainsi que 11 médics et 3 ambulances. Ce qui est largement insuffisant, selon Louis Michel, le commissaire européen à l'aide humanitaire qui estime que pour venir en aide à la population de Gaza, il faudrait 300 camions par jour.

Au niveau européen, plusieurs Etats membres estiment que la limite a maintenant été franchie. Et certains comme la Belgique n'hésitent pas à réclamer une enquête indépendante face à la situation considérant qu'elle est "tout à fait contraire au droit international humanitaire" selon un communiqué du Premier ministre.

(NGV)

(Mis à jour le 11 janvier)

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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