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Bernard Kouchner (Fr) dit a Israel : « ouvrez les portes »


(B2)Après le dîner des ministres des Affaires étrangères des 27, avec leur homologue israélienne, Tzipi Livni, outre la conférence de presse officielle (avec la présidence de l'UE), quelques ministres ont confié - souvent en aparté - aux journalistes qui se trouvaient au bon endroit leurs impressions. Il était tard, tout le monde était pressé de rentrer chez lui. Et nous n'étions que quelques journalistes  (l'AFP, Radio France, un collègue arabe) quand le ministre français, Bernard Kouchner — qui préside également le Conseil de sécurité de l’ONU (pour quelques jours encore) — est passé. Juste le temps d'un rapide échange de questions (posées par l'AFP et moi-même) pour recueillir ses premières impressions. Voici le résultat :

• Qu’avez-vous obtenu ?
« Nous avons obtenu d’offrir la même demande insistante, ouvrez les portes. Il faut absolument que l’aide humanitaire passe ; la définition de l’aide « humanitaire » étant de mon point de vue très politique et c’est un vieux débat. C’est absolument indispensable. On ne peut pas faire comme si le cessez-le-feu n’existait pas et revenir à ce qui s’était passé avant. Voilà ce que nous avons demandé, les 27 d’une seule voix, unie. Nous avons prié, supplié pour que les portes s’ouvrent. Me Livini a répondu qu’elle était très étonnée et que, oui, l’aide humanitaire devrait passer, nous verrons bien jeudi (22 janvier).

• Sous quel contrôle ?
On peut avoir le contrôle qu’on veut. Nous sommes prêts à contrôler, nous l’avons dit. Les Israéliens et les Egyptiens sont sûrement prêts à contrôler aussi. Ca n’a aucune importance. Pour le moment, les portes sont fermées, beaucoup plus fermées qu’on ne croit. Par exemple, l’hôpital français et l’équipe médicale sont à Rafah. On les envoie à Kerem Shalom. Et on les renvoie à Rafah. Ce n’est pas supportable. On ne peut pas, à la fois, être très satisfait que les roquettes ne tombent plus sur Israël, que l’armée israélienne se retire et faire comme si de rien n’était. Voyons…

• Il y avait un deuxième point pour les Européens, la réouverture des postes-frontières, notamment de Rafah ?
Nous avons absolument parlé d’un seul point (NB : l’aide humanitaire).

• L’aide humanitaire c’est aussi l’ouverture des frontières ?
Vous pouvez employer le mot que vous voulez. L’aide, c’est cesser que l’accès à la vie ne soit pas possible. Pour moi, l’aide humanitaire, j’englobe çà dans un très grand volume, politique. (…) Vous savez chaque jour est un combat. (hier – mercredi), nous avons parlé avec Me Livni, nous l’avons écouté. Dimanche, nous parlons avec nos amis arabes. Et nous les écouterons. Et puis nous nous prononcerons au Conseil de lundi.

• Et le début d’un dialogue avec le Hamas ?
Nous ne parlons pas au Hamas. Enfin nous parlons par intermédiaire, vous savez très bien tout l’enjeu de cette négociation si longue. Il est évident que s’ils participent à n’importe quel processus de paix - par exemple l’OLP qui demande qu’il y ait un semblant même pas de gouvernement national mais d’unité, ou quelque chose comme çà - nous serons prêts dès lors que le Hamas offre des perspectives de négociation et de paix comme tout le monde, à considérer comme un interlocuteur…. Mais on n’a pas besoin de nous maintenant.

(NGV)

(publié également dans Europolitique - photo : Conseil de l'UE)

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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