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L’opposition sociale-démocrate tchèque refuse la mission en Afghanistan


(B2) Le Parti social-démocrate (CSSD), formation principale de l’opposition en République tchèque, ne soutiendra pas les missions étrangères de l’armée tchèque en 2009. Cela été confirmé, ce mercredi, par le chef du parti Jiří Paroubek nous apprend l'agence de presse CTK. Selon ce dernier, le gouvernement qui se déclare majoritaire, ne peut pas demander aux partis de l’opposition de remplacer les députés des partis gouvernementaux. Lubomír Zaorálek, vice-président social-démocrate de la Chambre des députés, a même rejeté l'affirmation de Karel Schwarzenberg, le ministre des Affaires étrangères, selon lequel "la mission tchèque en Afghanistan est dans l’intérêt de l'Etat (tchèque)".

Cette position - déjà affichée dans le passé - s'inscrit sur fond de durcissement de la discussion autour de la ratification des deux traités internationaux par la république tchèque : le traité de Lisbonne et le bouclier anti-missiles. Alors que le deal était simple : entre l'opposition (souhaitant la ratification du traité de Lisbonne) et la majorité (souhaitant la ratification du traité anti missiles), c'était donnant - donnant : tu ratifies "mon" texte, je ratifie "le tien". Oui mais... alors que la ratification bouclier antimissiles est passé au Sénat, l'accord s'est brisé à la chambre des députés sur le traité de Lisbonne. La majorité n'a apparemment pas trouvé les voix en son sein pour voter le traité de Lisbonne à la chambre des députés (il faut 120 voix sur 200) et c'est l'opposition qui devait fournir les voix manquantes. Avec un risque : que le texte passe de justesse. Tout le monde a donc décidé de reporter le texte début février. Ce qui fait mauvais genre, à quelques encablures, de la prise de fonctions de la présidence tchèque de l'UE.

L'opposition sociale-démocrate a décidé de montrer sa mauvaise humeur. D'où cette sortie sur les missions extérieures tchèques - d'ailleurs peu prisées par l'opinion publique. Quant à la ratification du bouclier anti-missiles à la chambre des députés. On attend son report. La République tchèque, et le parti ODS au pouvoir, joue cependant avec le feu. L'administration Obama pourrait ne pas être très pressée de donner une suite immédiate au bouclier anti-missiles : d'une part, pour des raisons internes stratégiques (le financement de l'agence anti-missiles américaine, ses objectifs même pourraient être revus et redéfinis, le tout s'inscrivant dans une redéfinition possible de la défense américaine) ; d'autre part, l'administration nouvelle pourrait vouloir renouer avec la Russie, au moins tenter de renouer des liens dans les premiers mois. Se positionner d'emblée, de façon catégorique, sur le bouclier anti-missiles pourrait obliger à un bras de fer rapide. En retardant la ratification du bouclier anti-missiles, les Tchèques risquent de le retarder pour quelques années...

(Nicolas Gros-Verheyde)

Photo : Topolanek (Premier ministre) Schwarzenberg (Affaires étrangères) Vondra (Affaires européennes) à la chambre des députés (CTK)

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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