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La lente montée en puissance de la politique européenne de défense

(B2)Après l’échec de la Communauté européenne de Défense (CED), suite au rejet de la France en 1954, la politique étrangère est la grande absente des premières années de l’Europe et notamment du Traité de Rome (1957). Elle ne revient à l'ordre du jour que timidement en juin 1970. Les Ministres des Affaires étrangères des Six proposent de développer la « Coopération Politique Européenne » (CPE). Cette coopération progresse lentement : augmentation des réunions, réseau européen d’information diplomatique (COREU), etc. Mais elle reste très informelle. Il faut l’Acte unique, en 1986, et le Traité de Maastricht, en 1992, pour disposer d’une base juridique et institutionnelle a minima.

Ce n’est pas suffisant… Et les conflits en Yougoslavie dans la première moitié des années 1990 le démontrent. L’échec des Européens est patent (en Croatie et Bosnie particulièrement). Il servira d’aiguillon pour toutes les réformes futures. En plein conflit, les ministres de l’UEO (Union pour l’Europe occidentale) définissent ainsi les contours de l’Europe de défense. Ce sont les « missions de Petersberg », entérinées dans le Traité d’Amsterdam (1997). Ce traité crée la fonction de Haut représentant pour coordonner la politique étrangère et de sécurité commune. Poste assuré depuis 1999, par l’ancien secrétaire général de l’Otan, l'espagnol Javier Solana.

C’est une initiative franco-britannique, à Saint-Malo (décembre 1998) qui lance vraiment l'Europe de la défense, en appelant à doter "l'Union d'une capacité autonome d'action, appuyée sur des forces militaires crédibles, avec les moyens de les utiliser". Ces objectifs sont repris par les 15 Chefs d’Etat et de gouvernement au Conseil européen de Cologne (juin 1999). Ils entérinent au sommet de Helsinki (décembre 1999) le format d’une Force européenne de réaction rapide, « capable de déployer jusqu'à 60.000 hommes en 60 jours ».

Le Traité de Nice (2000) ajoute des structurelles décisionnelles, comme le Comité politique et de sécurité (COPS) – formé des ambassadeurs « sécurité » de l’UE - et le Comité militaire de l'UE – formé des chefs d’Etat-Major ou leurs représentants. La politique européenne de défense est déclarée opérationnelle au sommet de Laeken-Bruxelles (2001). Une stratégie européenne et de sécurité est définie (2003) dans un contexte de division européenne suite à l’intervention américaine en Irak. Un accord (dit « Berlin Plus ») est passé avec l’Otan pour recourir à ses moyens lors d’une opération militaire (mars 2003). Et les premières opérations extérieures se déploient (Macédoine, Bosnie, Indonésie, Congo…)

L’Agence européenne de Défense est créée (juillet 2004) avec pour mission de développer les coopérations industrielles et renforcer les capacités des différentes Etats-Membres. Elle anticipe les dispositions du futur traité (Constitution ou Traité de Lisbonne). Un Etat-Major militaire de l’Union européenne est mis en place, doté en 2007 d’un centre d’opérations. Et un Etat-Major de gestion de crises, le Centre de planification et de conduite des opérations civiles (CPCC), voit le jour en 2008.

(NGV)

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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