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John Hutton (Uk): des années pour écraser les Talibans afghans

(B2)Dans son interview au Sunday times, le ministre britannique de la Défense, John Hutton, ne se prononce pas seulement sur l'Europe de la défense. Il donne aussi son opinion sur l'engagement britannique en Afghanistan, après une tournée dans le pays. Le ton est nouveau, le propos du ministre est sombre. "Les problèmes sont fondamentaux : 30 ans de guerre civile, une succession d'États, l'extrémisme islamique et l'insurrection permanente, avec en parallèle le problème des stupéfiants et de la criminalité des drogues, seigneurs de la guerre - il est impossible d'imaginer un cocktail plus toxique que celle-là", dit-il. Et en creux, on peut lire si ce n'est une approbation de certaines critiques entendues au coeur de l'armée britannique, au moins une confirmation de leur pertinence.

Du sang, des efforts et des larmes
Le général Mark Carleton-Smith, expliquait récemment que la "guerre contre les talibans ne pouvait être gagnée" parlant de la réduire à un "niveau gérable de l'insurrection". Le Ministre ne reprend pas ce propos. Mais il explique : "Nous devons nous préparer à y rester pour de longues années"  "Il n'y a pas de solution miracle". "Il faudra des décennies pour écraser les Talibans". "La mission en Afghanistan va échouer faute d'un nouvel objectif ("focus"). Le ministre reconnait également que les opérations ont sérieusement mis à mal l'état de l'armée britannique : "les périodes de repos des troupes opérationnelles à l'étranger" ne sont pas respectées"...

Conséquences industrielles = des coupes dans certains programmes
Conséquence également, la tension sur les budgets. "Nous avons du mal à joindre les deux bouts". Et ce ne sera "pas sans conséquence sur certains marchés secondaires" concède le ministre de la Défense. En filigrane, cela signifie quelques coupes franches dans certains programmes. Pourraient en pâtir - selon des experts cités par notre confrère britannique - le projet d'avion de combat commun, le Joint strike fighter (JSF) ou l'achat de 25 avions de transport stratégique (Airbus A400M) qui pourrait être diminué. Mais pour les contrats déjà engagés - comme l'Eurofighter ou le sous-marin Astute - cela "couterait trop cher de les interrompre".

(NGV)

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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