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Afrique Australe Centrale

« Les mois prochains seront cruciaux » dit le général Nash

(BRUXELLES2) Faisant le point à mi-mandat sur l’opération militaire de l’UE (EUFOR) au Tchad et en République centrafricaine (RCA), lors d’une conférence de presse à Bruxelles, le 29 septembre, le général irlandais, Pat Nash, qui commande l’opération, s’est montré d’un optimisme très mesuré sur la situation sécuritaire. Il a aussi appelé chacun à être vigilant sur la suite de l’opération. « L’enjeu reste en effet considérable. Beaucoup a été fait, en matière logistique, de sécurité » a détaillé le général.

Le risque rebelle existe

Mais « la situation reste difficile. Je n’ai pas de doutes qu’il y aura d’autres difficultés dans le futur. Les mois prochains seront cruciaux », a-t-il ajouté. Les rebelles restent, en effet, toujours présents et actifs dans la région dite des « trois frontières » (Tchad, Rca, Soudan). Et même si une attaque d’envergure comme celle de fin janvier – les rebelles avaient atteint la capitale N’Djamena – paraît difficile à réitérer, les périodes de saison sèche sont, traditionnellement propices au Tchad à des offensives guerrières. « Nous avons deux attaques par an, en février et en octobre », m'avait confié un spécialiste militaire présent sur place.

Le récent rapport d’Oxfam, le général l’a lu mais « pas de la même façon » que certains commentateurs. Il n’y voit pas une critique de la mission de l’Eufor. Au contraire ! Car ce qui manque actuellement au Tchad, « c’est une force de gendarmerie et de police, ainsi qu’un accord de bonne gouvernance ». La mission d’Eufor se situe en amont : « fournir l’environnement de sécurité nécessaire pour que ces forces puissent travailler ». Ce « qu’elle fait – explique-t-il – malgré toutes les difficultés auxquelles (elle) est confrontée depuis le début ».

Préparer l'après Eufor

Le Général Nash a aussi tenu à alerter sur l’après-Eufor. « L'UE a un mandat jusqu’au 15 mars 2009. Après cela, nous n’avons pas de mandat ». Le temps de la transition effectué, « plus aucun soldat de l’UE ne sera présent au Tchad au 1er juin », a-t-il assuré. Mais « la continuation voire l’extension de la présence internationale après le 15 mars est un enjeu important », a-t-il aussi souligné. Car aucun Etat n’a l’intention de prolonger la mission de l’UE.

Le secrétaire général de l’ONU a lancé, le 17 septembre, à New-York, un appel à contributions pour une force de 6 000 hommes. Appel qui pourrait être rempli, sans trop de difficultés, selon un spécialiste des opérations de paix. « La génération de forces au niveau des Nations-Unies pose moins de problèmes qu’au niveau de l’UE, les soldats étant pris en charge par l’Organisation ». D’ores-et-déjà, il semble acquis que trois des principaux Etats contributeurs à Eufor Tchad – France, Pologne, Irlande – pourraient contribuer à la future mission de l’ONU, en fournissant environ un quart de l’effectif nécessaire. Par ailleurs, des accords techniques entre l'UE, le gouvernement et l’Onu doivent assurer la transition.

Arrivée d'hélicoptères russes

Lors des échanges avec les journalistes, le Général Nash a aussi confirmé l’arrivée des hélicoptères russes « pour la fin octobre, au plus tard novembre ». Une présence nécessaire pour permettre d’atteindre « une pleine capacité opérationnelle, en matière héliportée ». L’hélicoptère est, en saison des pluies, le seul moyen d’accès. Et, même en saison sèche, vu l’état des pistes, cela permet « d’avoir une réaction rapide, en amenant les troupes nécessaires sur place », m'avait précisé un militaire. La décision d’arrivée de ces hélicoptères a déjà été avalisée au sein des groupes de travail de l’UE, elle doit maintenant l’être par le Conseil des ministres. Ce qui devrait être chose faite à la mi-octobre, sans formalité (en point A).

Il faut noter que cette participation russe pourrait être suivie d’autres. La marine de guerre russe a, ainsi, fait mouvement ce week-end vers le large de la Somalie pour suivre de près, de concert avec la marine américaine, un bateau ukrainien contenant du matériel militaire russe (à destination du Kenya). Et un responsable de la marine russe n’a pas exclu d’avoir une action coordonnée dans la zone, avec les autres forces présentes.

(BRUXELLES2)

Crédit photo : Conseil de l'UE - également paru dans Europolitique

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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