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Défense UE (Doctrine)

Un ministre néerlandais milite pour l’Europe de la défense, çà change !



(BRUXELLES2) Les Pays-Bas - dont on connaît l'atlantisme engagé - basculeraient-ils dans la reconnaissance d'approfondir l'Europe de la défense ? Faisant ainsi en quelque sorte le chemin inverse de la France qui, sous l'impulsion de Nicolas Sarkozy, veut se rapprocher de l'Otan. On peut le croire à lire
Maxime Verhagen, le ministre des Affaires étrangères, qui signe une tribune dans le quotidien Volkskrant. Je ne résiste donc pas à vous en donner quelques larges extraits.

Avoir une politique de la défense, convaincante, forte et flexible.

"Les temps sont mûrs pour investir davantage dans la défense, certainement dans le cadre de l’UE", écrit-il. "Ce n’est qu’ainsi que l’Europe pourra être un acteur important sur la scène politique mondiale." "L’évolution de la situation dans le Caucase souligne encore une fois la nécessité d’une politique européenne de sécurité et de défense convaincante" poursuit-il. "Si nous voulons que l’Europe soit une force capable de rendre le monde plus stable, il faut lui donner une capacité de défense forte et flexible. C’est donc à juste titre que la présidence française a fait du renforcement de la politique de sécurité et de défense une de ses priorités. L’OTAN en profitera aussi : les partenaires européens, en effet, doivent aussi pouvoir prendre leurs responsabilités au sein de l’alliance. Bref, il est temps de donner une forte impulsion."

Investir dans le hard power (la défense) et le soft power (la gestion de crise)

"Cela signifie : une meilleure coopération au sein de l’Union européenne et plus d’investissements dans la défense européenne, y compris aux Pays-Bas. Si nous voulons prendre au sérieux les risques du monde incertain d’aujourd’hui, nous devons aussi faire un sérieux effort de défense. Cet investissement dans le hard power est une condition nécessaire pour maintenir l’Europe en selle dans la politique mondiale. En plus d’une augmentation de notre capacité militaire, nous devons aussi continuer d’investir dans notre soft power". Et le ministre de citer la mission qui se rend en Géorgie avec des experts dans le domaine des droits de l’homme, de la police et de la justice ainsi que des observateurs ayant une expérience militaire. "Ce soft power est au moins aussi important quand il s’agit de garantir la stabilité. C’est justement dans ce domaine que l’UE a manifesté sa plus-value les derniers temps : l’Union a participé à des opérations de gestion de crise en Afghanistan et au Kosovo et elle a formé la police palestinienne. J’en suis fier : cela donne à l’Europe une visibilité dans le monde. Simultanément, nous propageons les valeurs de base de notre coopération européenne : la liberté, la démocratie et le respect des droits de l’homme."

Donner forme à la force d'intervention européenne.

"Je m’attends à ce que la nécessité de notre engagement ne fasse que croître dans le monde d’aujourd’hui. Ainsi, nous pouvons faire plus en Afghanistan : le besoin de capacité civile pour compléter la capacité militaire y est énorme." "Il faut donner forme à la force d’intervention européenne, qui existait surtout sur le papier jusqu’à présent", conclut le chef de la diplomatie néerlandaise. "Ce n’est pas seulement en tant qu’UE, mais aussi en tant que Pays-Bas que nous devons y travailler. C’est pourquoi je prône une réserve nationale d’experts mobilisables rapidement pour les missions européennes, avec un bon soutien et financée par un mécanisme national clair".

Que dire de plus ?...

 (Nicolas Gros-Verheyde)

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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