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Piraterie maritime

Opération EU Navco Somalie, la 2e phase se prépare

"le Faina, bateau ukrainien saisi par les pirates" (Crédit photos : US Navy)

Voici quelques éléments d'information sur la future opération de lutte anti-piraterie au large de la Somalie.

La mission d'évaluation de plusieurs experts qui ont été notamment à Djibouti - sur la base militaire française et auprès des autorités locales - et à Bahrein - chez les Américains (moins fun apparemment le séjour, l'accueil a été assez froid) - revient à Bruxelles. Et un premier calendrier se dessine pour la future opération aéronavale.

Deuxième phase décidée mi-octobre.
La deuxième phase de l'opération en Somalie (la première étant cette coordination) devrait commencer en décembre et comprendre une présence militaire renforcée sur le terrain, avec escorte et protection des navires de commerce. La décision de l'UE de mise en œuvre de l'opération pourrait avoir lieu à la mi-octobre (le conseil des Affaires extérieures a lieu le 13 octobre à Luxembourg, et le Conseil européen les 15 et 16 octobre - avec une session de "repêchage" en cas de désaccord ou pour finaliser l'opération au Conseil des Affaires étrangères du 10 novembre). Même si la question n'est officiellement pas à l'ordre du jour, les Ministres de la Défense devraient en discuter le 1er octobre lors de leur rencontre informelle à Deauville, au déjeuner consacré aux opérations ou lors du diner (qui a lieu au bistrot des Quatre Bras à Trouville).

Les besoins
Cette opération devrait être assez importante. Si Bernard Kouchner a parlé de 3 avions et 3 bateaux. C'est le minimum du minimum. Deux bateaux pourraient être en effet dédiés aux escortes. Une mission de soutien aux bateaux + Hélicoptères devrait être aussi disponible. Ainsi qu'un avion, Type Atlantique 2, de repérage aérien. Le Quartier général de la force (FHQ) serait basé à Djibouti, avec au minimum 20 personnes. Le quartier général de l'opération serait basé à Northwood (Royaume-Uni). Au sol, il faudra avoir un Medevac (module de soins et d'évacuation sanitaire) - éventuellement, en se reposant sur la base française pour le poste chirurgical -, du contrôle aérien, des transmissions, une force de réaction rapide (commandos...), etc.

Les pays participants
De nombreux pays ont indiqué être prêts à participer, d'une manière ou d'une autre : France, Espagne, Allemagne, Pays-Bas, Autriche, Belgique, Italie, Royaume-Uni, Estonie, Suède, Chypre... La spécificité allemande : l'Allemagne qui n'a pas participé à la première phase, en raison de l'absence de possibilité d'un mandat par le Bundestag, devrait participer à cette seconde phase, c'est du moins la volonté affichée par le ministre allemand de la Défense, Franz-Josef Jung. L'engagement de la Bundeswehr contre la piraterie ne peut se faire que dans le cadre d'un système de sécurité collective et avec un mandat du Bundestag ou dans le cadre de l'aide d'urgence.

la frégate Neoustrachimy (crédit : Marine Russe)

Les Russes en renfort
Au besoin, des Etats tiers pourraient aussi venir renforcer la mission. La Russie a déjà annoncé vouloir envoyer des bateaux dans la zone, selon un communiqué de presse des forces navales de Russie, afin de "participer aux efforts de lutte contre la piraterie". Les modalités semblent assez floues. Son chef de la marine, Vladimir Vysotsky, a ainsi précisé qu'il n'excluait pas d'intervenir, de "façon indépendante", si des civils russes étaient en danger (plusieurs Russes figurent parmi . Mais qu'il chercherait à coopérer au niveau international. Un accord devrait être négocié dans ce cas, aurait-il ajouté, au niveau du ministère des affaires étrangères, selon nos confrères de l'agence Ria Novosti. La possibilité que les Russes - dont nombre de matelots ont été attaqués ces derniers mois - puissent participer à une mission européenne est désormais une option.

Dans la zone
Sont déjà présents dans la zone : 2 navire français, 1 navire espagnol, 1 navire allemand. Ainsi que les navires canadiens, américains, danois, pakistanais de la force CTF 150 de l'opération "liberté immuable". Et, après l'attaque d'un bateau ukrainien transportant une trentaine de chars T72, des armes et pièces détachées, à destination du Kenya, la marine russe a décidé de dépêcher la frégate Neoustrachimy dans la zone. Un navire équipé, selon l'agence Ria Novosti, de systèmes d'armements anti-sous-marins et antiaériens, d'un canon 100 mm, de torpilles et de systèmes à réaction tirant des roquettes anti-sous-marines,  et disposant d'un hélicoptère embarqué Kamov-27.

Les Canadiens prolongent leur mission
Les navires de guerre Canadiens qui devaient arrêter leur mission d'escorte des bateaux du Programme alimentaire mondial, le 27 septembre, ont accepté de la prolonger jusqu'au 23 octobre. Ce qui pourrait permettre de faire "la soudure" avec la future mission européenne.

(mis à jour le 26 septembre)

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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