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Afrique Australe Centrale

Darfour: la Minuad n’a pas les hélicoptères promis dénoncent les Ongs

(BRUXELLES2) 36 Ongs et Groupes de défense des droits de l'homme, actifs au Darfour, viennent de publier un rapport dans lequel elles dénoncent le manque de volonté de plusieurs Etats membres de fournir les moyens nécessaires à la force des Nations-Unies qui doit se déployer au Darfour (Minuad), notamment les hélicoptères (télécharger ici - en anglais). Si la "Minuad échoue, c'est toute la crédibilité des opérations de maintien de la paix qui est en cause" souligne le rapport écrit par le spécialiste de l'aviation, Thomas Withington.

Depuis un an, la mission pâtine

Endossée solennellement par les dirigeants du monde, réunis au sein G8 le 7 juin 2007, et entérinée par le Conseil de sécurité de l'ONU le 31 juillet 2007, une résolution 1769 autorisait le déploiement d'une force de maintien de la paix de 26 000 hommes pour protéger la population du Darfour. La mission - "la plus importante de l'histoire de l'Onu" comme s'enorgueillait son secrétaire général - n'a pour l'instant réussi à déployer que 9000 hommes dans la région, la majorité en provenance de la force de l'Union Africaine qui l'avait précédée.  Quant aux hélicoptères, c'est simple : sur les 18 hélicoptères nécessaires, aucun n'a encore été offert. Un chiffre à comparer aux "350 hélicoptères utilisés en Iraq" ironise le rapport. Celui-ci a identifié 20 Etats ayant des surplus de capacité héliportée. Et, parmi ceux-ci, six Etats sont particulièrement mieux placés pour fournir les hélicoptères à la Minuad: la république Tchèque, l'Italie, la Roumanie et l'Espagne, l'Ukraine et l'Inde pourraient, à eux six, fournir 70 hélicoptères. Si l'on comptabilise les seuls pays membres de l'Otan, 104 hélicoptères seraient disponibles.

Ce rapport peut paraître un peu utopique
quand on voit les difficultés qu'a eu Eufor Tchad pour rassembler une dizaine d'hélicoptères, quand on sait que l'opération en Afghanistan "consomme" actuellement les rares potentatialités disposnibles - cf. notamment le retrait des Norvégiens du Shirbrig ou la décision des Roumains de se retirer d'Eufor Tchad - et quand on connait les difficultés qu'ont les Européens pour se décider à moderniser quelques unités héliportées. (Lire aussi : Eufor au Tchad compte désormais 13 hélicoptères - Les Nordiques se retirent de la Force de réaction rapide de l’ONU ; Les Roumains à l’Eufor ne sont pas remplacés. Accord avec l’Albanie; L’initiative franco-britannique sur les hélicoptères avance)


Hélicoptère moyen "vital"

Le rapport rappelle cependant combien l'hélicoptère est un moyen plus que nécessaire. L'attaque d'un convoi de la Minuad survenu, le 8 juillet dernier, au nord Darfour l'a rappelé. L'attaque orchestrée a fait sept morts parmi les soldats de la paix et 19 blessés, après trois heures d'embucade par des milices armées. Sans hélicoptères, la Minuad était dans l'incapacité de mettre sur pied une opération de secours ou de renfort au convoi attaqué. Bien sûr ces appareils nécessiteraient certaines modifications, le coût de ces modifications pourrait être supporté "par les pays eux-mêmes, par l'Onu ou à travers des soutiens bilatéraux par d'autres nations", note le rapport. Le problème des hléicoptères n'est pas le seul, précise-t-il, la force a besoin d'autres équipements comme des moyens aériens de transport ou de reconnaissance ou une unité logistique multi-rôles.

Réactions
Mis en cause, le ministre roumain de la Défense s'est défendu en estimant que ses hélicoptères ne sont pas adaptés aux conditions locales et que la Roumanie est confrontée à une forte pression budgétaire par sa participation sur trois théâtres d’opérations à l’étranger (Irak, Afghanistan, Bosnie - Kosovo).

Crédit photos : hélicoptères Puma roumains (ministère de la Défense roumain)

English summary

On July 31, 2007, the U.N. Security Council passed Resolution 1769, which authorized a peacekeeping force 26,000 strong to protect the Darfuri people. The mission - the largest authorized force in U.N. history - has only deployed 9,000 to the region, many of which were held over from the African Union force that preceded it. Marking the one year anniversary, a report - written by aviation expert Thomas Withington and endorsed by 36 human rights groups and non-governmental organisations around the world - sets out for the first time which countries have the critically-lacking helicopters needed to protect civilians in Darfur. If UNAMID is allowed to fail, it will affect all of the international community’s efforts and set back any prospect of peace for many years to come. Without helicopters, the force’s ability to respond quickly to events and fulfil its mandate to protect civilians is severely compromised. The July 8, 2008 attack on a UNAMID convoy in north Darfur underscores the critical importance of helicopters to the mission. The orchestrated attack left seven peacekeepers dead and 19 wounded after nearly three hours of ambush by armed militias.

The report finds that:

1. Of the 18 transport helicopters required by the force, not a single one has yet been offered; this compares to an estimated 350 such helicopters in use in Iraq.

2. The report identifies more than 20 countries with surplus aircraft that could be made available for the mission.

3. The six countries best placed to provide transport helicopters, Italy, Ukraine, India, Spain, Romania and the Czech Republic, between them have an estimated 71 helicopters available, four times the requirement.

4. NATO member states alone could jointly provide 104 such helicopters, almost six times the requirement. le it is possible that some aircraft may need modifications to their subsystems in order to comply fully with the U.N. requirements for the Darfur theatre, these costs should be met by the countries themselves, by the U.N., or through bi-lateral support from capable nations. (...) Helicopters are not a panacea for the UNAMID force. The force also needs other equipment, including transport trucks, aerial reconnaissance capabilities, additional engineers and a multi-role logistics unit.

(NGV)

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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