B2 Le Quotidien de l'Europe géopolitique. Actualité. Dossiers. Réflexions. Reportages

Actu BlogDéfense UE (Doctrine)

Les priorités Défense de la présidence française: qu’en pensent les Européens?

(B2) Si le sommet franco-britannique de Saint-Malo, il y a dix ans, a permis de créer de toutes pièces une politique européenne de Défense et de Sécurité, celle-ci reste encore à géométrie très variable. Le progrès est souvent le fait d’un petit groupe de pays qui choisissent d’avancer sur un sujet ponctuel (avion A400M, hélicoptère H90, formation de pilotes…).

• Renforcement des moyens. L’ambition française de donner davantage de moyens aux structures européennes (quartier général européen, agence européenne de défense…) est soutenue par ses alliés traditionnels (Belgique, Espagne…), les Nordiques et les « neutres » (Autriche, Irlande) mais aussi - ce qui est nouveau - par les pays d’Europe de l’Est (Pologne, Roumanie). En revanche, le Royaume-Uni – surtout au niveau du Foreign Office - y reste, par principe, hostile ; même si ses ressortissants occupent souvent des postes clés dans la politique européenne (Etat-Major, entourage de Solana...).

• Financement commun. Seule une petite part des opérations militaires est financée par tous les Etats membres (cotisation calculée en fonction du PIB). L’Allemagne, et généralement les pays « riches », sont réticents à étendre la part du budget « commun ». Le Royaume-Uni est coincé par son engagement en Afghanistan et en Iraq qui lui coûte de plus en plus cher (cf. rapport de la chambre des Communes).

• Capacités militaires. La plupart des pays, y compris le Royaume-Uni, sont d’accord pour mieux coopérer pour partager certains moyens (hélicoptères, avions, centres de formation) ou expériences. L’Europe permet en effet de trouver une solution à la carte, face à des budgets nationaux étriqués. Reste à passer aux actes...

• Marchés de défense. La France, l’Italie, la Suède et l'Allemagne étaient plutôt réticents à la proposition de la Commission d’abolir les frontières intérieures pour les marchés de défense. La mise en place de plusieurs verrous à cette ouverture pourrait changer cet état d’esprit.

• Coopération Otan-Ue. Le renforcement de la coopération passe par la signature d’accords d’information qui est bloquée par la Turquie d’un coté, Chypre de l’autre, à cause de problèmes politique (la séparation de l’ile).

• A 27 ou à 26 ? Le Danemark ne participe pas à la politique de défense. Mais le royaume nordique songe à revenir sur cette position en organisant un référendum pour réintégrer l’Europe de la Défense. Mouvement inverse en Irlande où après le Non au référendum, on réfléchit aux moyens de « sortir » au moins symboliquement de l’Europe de la Défense.

 (NGV)

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

s2Member®