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BalkansReportage

Kosovo 3 : Carabinieri et gendarmes de la MsU, sur le terrain

(B2 au Kosovo) Marché de Vucitrn, petite ville au nord du Kosovo, entre Pristina et Mitrovica. Carabinieri italiens et gendarmes français sont en patrouille de routine. Ici, le pantalon Armani ou le jean Levi’s 501 est affiché à 5 euros. Mais les hommes ne sont pas là pour çà. D’ailleurs, « il n’y a pas l’arsenal législatif au Kosovo pour réprimer cette contrefaçon », nous confirme un expert européen.

Un des objectifs de la Multinational Specialized Unit (MSU), rattachée à la KFOR, est en effet de recueillir des informations et de mieux connaître la population. Aller au contact de la population, gagner sa confiance est donc essentiel. Objectif atteint apparemment. Les commerçants n’hésitent pas à discuter avec les policiers, en italien ou en albanais (avec traducteur), ou les invite à prendre un thé. La MSU est une force un peu spéciale. Composée de 340 policiers à statut militaire (gendarmes français et carabinieri italiens), elle « peut intervenir dans tout le Kosovo, n’importe où, n’importe quand », explique le capitaine Alessandro Coassin. Sa mission recèle plusieurs enjeux. Outre « l’information », la MSU peut être appelée en renfort pour le maintien de l’ordre, forme les policiers kosovars ou les militaires de la KFOR (OTAN), escorte les VIP ou enquête sur la grande criminalité (mafia, terrorisme, armes, etc.). Elle dispose en réserve du GIS, le groupement spécial d’intervention basé en Italie, capable d’intervenir en cas de prise d’otage et s’appuie largement sur les autres éléments de la KFOR, notamment le KTM pour le maintien de l’ordre.

Toute la difficulté de notre mission est de trouver « une réponse proportionnée », raconte le capitaine. « Montrer ses muscles, — uniforme et armes —, est important. Mais pour les citoyens cela peut être vu comme une provocation. Il faut donner l’impression à la population qu’on revient à une situation normale ». Il s’agit aussi de passer le relais à la police locale (la KPS).

« Si on prend tout le temps leur place, le Kosovo ne sera jamais autonome », explique le capitaine Giorgio Broccone. « La question n’est pas de savoir s’ils travaillent bien ou mal, mais qu’ils travaillent et que, peu à peu, ils augmentent leur capacité et leur ressources ». La police kosovare est ainsi régulièrement formée - au maintien de l’ordre, à l’escorte des VIP - et de « plus en plus opérationnelle ». A coté des anciens de la police yougoslave ou de l’Armée de libération du Kosovo (UCK), elle comprend « des jeunes qui ont de la volonté », malgré un salaire dérisoire (200 euros par mois). Le passage sous commandement européen, avec la mission PESD Police, va « simplifier notre tâche », expliquent nos gradés. Même si les rapports sont « bons » avec la MINUK Police (la force supplétive de l’ONU pour la police), un nordique ne réagira jamais comme un méditerranéen. Alors, « avoir des collègues de l’autre coté est toujours plus facile. On est sûr d’avoir les mêmes réactions, le même fonctionnement ».

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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