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EUFOR Tchad. La force de l’UE débloquée au Conseil européen ?

(BRUXELLES2) Le Conseil européen pourrait-il permettre de débloquer la mise en place de la mission militaire de l’UE au Tchad / République centrafricaine (RCA) ? En tout cas, après le sommet Ue-Afrique, les contacts à haut niveau se poursuivent. Et, peu à peu, les Etats membres débloquent les moyens nécessaires pour le déploiement (moyens médicaux, évacuation sanitaire, transport logistique).

Lors du Conseil des ministres des Relations extérieures, le 10 décembre, le ministre italien des Affaires étrangères a ainsi dévoilé que l’Italie pourrait fournir l’Unité hospitalière d’urgence manquante. Elle devrait être implantée à Abéché aux cotés de l’antenne médicale française, déjà présente dans le cadre du dispositif « Epervier » (coopération bilatérale franco-tchadienne). En ce qui concerne les moyens héliportés, et d’évacuation sanitaire, le gouvernement roumain a confirmé vouloir soumettre le sujet à son Conseil national de sécurité et donner une réponse très rapidement. Même évaluation en cours pour le Portugal et la Slovénie qui étudient « la question avec attention ». Dans ses conclusions, les 27 rappellent d’ailleurs que le déploiement de la mission Eufor Tchad / RCA, tout comme celle de la Mission des Nations-Unies dans la région (Minurcat), « reste cruciale ». Ils espèrent « finaliser bientôt le processus actuel de génération de force » et « rassembler toutes les ressources nécessaires pour conduire cette opération ».

DEMANDE D’INTERVENTION D’ONGs

Lundi aussi, l’organisation d’aide humanitaire, Oxfam, est montée au créneau et a demandé aux Européens de « respecter leurs engagements vis-à-vis des populations du Tchad et envoient sans plus attendre suffisamment de troupes et d’équipements adéquats ». « L’insécurité actuelle démontre le besoin urgent de déployer au Tchad une force véritablement neutre afin de protéger les personnes innocentes prises au piège dans ce conflit », a déclaré Roland Van Haumermeiren, responsable d’Oxfam au Tchad. « Le retard pris par l’Europe pourrait aboutir à ce que la force multinationale, lorsqu’elle sera enfin déployée, se trouve prise au milieu d’une guerre civile en pleine expansion ». « Les combats exposent les organisations d’aide humanitaire au risque d’une recrudescence d’attaques de la part de groupes armés cherchant à voler des véhicules ou de l’argent », ajoute l’organisation, qui dispose de 150 personnes (expatriés et agents locaux) sur le terrain.

Sentiment non partagé cependant à Médecins sans frontières – Belgique qui n’a jamais appelé au déploiement d'une force militaire de protection des réfugiés « Nous avons le sentiment que l'espace humanitaire est suffisant pour continuer à travailler. Dans cette région, nous n'avons en effet jamais été visés en tant qu'humanitaires, c’est-à-dire en vue de contrer la nature de nos opérations (humanitaires) » explique un de ses responsables.

(Paru dans Europolitique, décembre 2007)

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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