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Défense Le bouclier anti-missiles, nécessaire, pour les Usa et une étude

(B2 - archives) Victoria Nuland, ambassadrice, chef de la mission des États-Unis auprès de l'OTAN, est venue défendre devant les parlementaires européens et de l’assemblée parlementaire de l’Otan, réunis en session commune extraordinaire le 21 novembre au Parlement européen à Bruxelles, l’implantation d’un bouclier anti-missiles sur le continent européen. « Nous avons déjà une couverture semblable aux États-Unis » a-t-elle argué, cartes et transparents à l’appui. « On ne veut rien déployer en Europe qui n’ait déjà été déployé et testé sur notre territoire (en Alaska, Californie...). Cette technologie est sûre ».

Invoquant la clause de solidarité de l’Otan, elle a expliqué vouloir « défendre nos alliés contre des menaces » réelles. « Une menace non seulement iranienne, coréenne mais aussi d’autres États brigands. Et la menace iranienne augmente. [...] Tous nos alliés en sont conscients». Déniant toute action possible contre la Russie - « Les missiles à deux étages déployés en Europe (trois étages aux Usa) ne peuvent atteindre les missiles russes » - elle a rappelé que ce « déploiement serait pleinement compatible avec le système Russe » et proposé d’étendre la coopération déjà en cours au sein de l’Otan, voire d’aller « plus loin encore, en reliant les systèmes de la façon la plus étroite possible, en ayant d’ici 2013, un seul système intégré USA-OTAN-Russie, offrant une protection quasi-totale ».

Après un exposé des différences entre Européens et Américains, Stephen Pullinger, directeur pour l'Europe de l'ISIS (International Security Information Service), a résumé les conclusions de l’étude effectuée pour le Parlement européen : « Il n’y a pas de raison logique, politique ou militaire que l’Europe accepte d’être vulnérables par rapport aux États concernés. Si cette défense anti-missiles permet de lutter efficacement contre les tirs volontaires ou involontaires, les États européens doivent l’accepter [...] Ils ont déjà accepté la courte portée (dans le cadre de l’Otan), pourquoi ne pas accepter ces missiles de longue portée ».

Un propos que Karl von Wogau, le président (PPE-DE, Allemagne) qui présidait aux travaux a tempéré : « l’Europe doit avoir des moyens de contrôle permettent la prise en compte de ses propres intérêts ».

Quatre conditions pour la présidence de l'UE

Présent lors d’une autre réunion, celle de la commission des Affaires extérieures du Parlement, la veille, Nino Teixeira, le ministre portugais de la Défense, a résumé la position de la présidence de l’UE sur cette question:

« 1° La plupart des États membres ayant choisi d’aller régler cette question à l’Otan, c’est dans ce cadre qu’il faut le régler.

« 2° Tous les États doivent être couverts par le (nouveau) système.

« 3° Nous devons avoir une articulation entre les systèmes à court ou moyen terme.

4° On doit agir dans la transparence, en coopération avec la Russie, mais sans donner un droit de veto russe sur le système. »

(Nicolas Gros-Verheyde)

article paru le 26 novembre 2007 dans Europolitique

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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