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Opération militaire. Le Parlement conditionne l’engagement au Tchad de la PESD à une série de conditions

(B2 - archives) Le Parlement européen a approuvé, le 27 septembre, par 453 voix pour, 104 contre et 15 abstentions, l’opération PESD à l'Est du Tchad et au Nord de la République centrafricaine, d’une durée d’un an.

Il a cependant « subordonné son accord final à l'accomplissement de (plusieurs) conditions », fixant ainsi plusieurs principes que la mission européenne (EUFOR) devrait respecter :

- une composition variée : « les États membres devraient mettre les troupes nécessaires à disposition dans les meilleurs délais »;

- la neutralité par rapport « à la situation politique complexe » que connaît la région, « en évitant d'intervenir dans les combats qui opposent les autorités gouvernementales et les groupes rebelles »;

- la non-intervention dans le travail des ONG : « dans le plein respect des principes du droit humanitaire international », l’EUFOR ne doit « pas prendre part ou s'immiscer dans les tâches accomplies par les ONG (…), afin de ne pas les mettre en danger »;

- une coordination effective avec la MINUAD : « de manière à sécuriser le territoire qui se trouve sous sa responsabilité de la façon la plus efficace »;

- un mandat solide : l’EUFOR « doit agir en tant que force dissuasive, et disposer de règles d'engagement claires autorisant le recours à la force lorsque cela est nécessaire, spécialement en cas d'attaques contre des civils, des camps, des villages, des travailleurs humanitaires ou des policiers des Nations unies, et aussi en cas d'auto-défense »;

- l'effectif et le matériel appropriés « afin de décourager tout agresseur potentiel » : l'EUFOR devrait ainsi « être en mesure de protéger ses lignes de ravitaillement et d'effectuer des patrouilles à longue distance avec des véhicules blindés, des hélicoptères (y compris des hélicoptères de transport et de combat) et des avions de reconnaissance »

- une claire stratégie de sortie de crise : l'EUFOR doit être considérée comme une force "de liaison" ("bridging force"). Avant le début de son déploiement, « une stratégie de sortie claire » doit être définie, qui devrait prévoir le remplacement de l'EUFOR « par une opération de relève (une force de l'Union africaine, une force des Nations unies ou une force hybride) afin de permettre l'accomplissement avec succès de son mandat et le retour, dans les temps prévus, des troupes engagées ».

La Parlement a aussi estimé qu’il devait « être tenu pleinement informé des différentes phases de la préparation de l'opération, concernant, entre autres, le concept de gestion de crise, l'action commune, le concept d'opérations, le plan d'opération et le processus de constitution de la force ». Il a, enfin, regretté que pour de nombreuses raisons, cette opération PESD ne puisse être dirigée depuis le centre d'opérations de l'Union européenne institué à Bruxelles.

NB : Cette mission devrait comprendre environ un effectif de 4000 hommes, dont un gros contingent français.

(Nicolas Gros-Verheyde)
article publié dans Europolitique le 1er octobre 2007

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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