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Feux en Grèce. Quand la sécurité civile européenne s’ébauche

(articles publié dans Maires de France et Ouest-France, 2007)

Beaulieu 5-9, dans la banlieue de Bruxelles, c’est le centre nerveux du « mécanisme européen de protection civile ». Un bien grand mot pour un bureau tout à fait ordinaire, où
officient des fonctionnaires un peu moins ordinaires. Ici règne le franc parler habituel des « opérationnels ». Ici, 24 heures sur 24, un pays européen en proie à une calamité à laquelle il ne peut
faire face (feux, inondations, pollution marine…) peut demander l’aide de ses homologues. Créée après une série de catastrophes à la fin des années 1990 - le naufrage de l'Erika, les violentes
tempêtes, la pollution industrielle du Danube -, la cellule de crise de l'Union européenne a pris le relais d'un système plus lâche d'information, mis en place dès 1991. Les attentats du World
trade center à New York servent de déclencheur. Il met en oeuvre le principe cher aux mousquetaires : « Un pour tous, Tous pour un ». Car l'Europe, quand on additionne ses pompiers, ses
matériels divers et variés et ses experts en tout genre, représente la première force d'intervention de sécurité civile au monde. La cellule européenne a vocation à intervenir sur tout type de
catastrophe d'origine naturelle, technologique, humaine survenant dans un pays européen, voire même dans un pays tiers lié par un accord avec l’Union européenne.

Un système opérationnel efficace

Cet été, quand l’appel de la Grèce pour les feux de forêt est tombé, il était déjà très tard. Les feux de forêt avaient pris une ampleur terrifiante. Heureusement, la réaction européenne a
été rapide. Moins de 24 heures après, deux Canadairs français, en provenance de Marseille étaient déjà sur zone, deux autres suivaient le lendemain. « Les meilleurs sont les Français »
assure-t-on, au niveau européen. « Ce sont les seuls qui peuvent larguer en volant à seulement 5 mètres de hauteur ». En tout une dizaine de Canadairs, cinq autres avions et près d’une vingtaine
d’hélicoptères provenant de 14 pays européens, de Norvège, d’Allemagne, de Serbie et même d’Israël ont volé vers la Grèce.

« La solidarité européenne a joué à plein » explique Hervé Martin, le chef de l’Unité « Protection civile » à la Commission européenne. Et ce n’est pas un vain mot. L’Italie, qui
avait des renforts français pour ses incendies, a accepté que ceux-ci soient déroutés sur les feux grecs. « C’est pire chez eux que chez nous » a justifié un responsable italien. « On n’a
jamais vu une telle situation
» confirme Hervé Martin. « Nous sommes d’ailleurs au bout des capacités européennes de Canadairs. Si un autre incendie se déclenche, nous serons démunis. Ou
alors il faudra priver la Grèce de moyens. Et c’est la deuxième fois depuis le début de l’été que cela se reproduit. Il faut donc réfléchir à d’autres moyens pour l’avenir
. » A défaut
d’acheter de nouveaux Canadairs, des avions australiens ou canadiens pourraient être prépositionnés en Europe l’été ou des moyens privés mis en astreinte. Mais cela coûte, un peu, cher.

Les Etats membres sont réticents à confier une nouvelle compétence à l’Europe… même s’ils sont bien contents d’appeler Bruxelles à la rescousse quand le feu brûle. «Le mécanisme de
protection civile européen a prouvé son utilité
» estime Stavros Dimas, le commissaire chargé de l’Environnement. « Mais il peut encore être amélioré. Nous avons pu aider, mais nous avons
aussi appris comment notre aide peut être améliorée. (…) Mais pour concrétiser ces plans, nous devrons disposer de ressources suffisantes

Des propositions des moyens

Une proposition en 2006. La Commission européenne a ainsi avancé, en 2006, une série de propositions visant à améliorer la capacité de réaction du mécanisme de protection civile de l’Union
européenne en cas de catastrophe naturelle ou écologique. Lorsque les moyens de transport nationaux font défaut, sont insuffisants ou inadéquats, la Commission propose donc de louer les moyens de
transport nécessaires. En cas de catastrophes simultanées ou à grande échelle, la Commission pourra aussi mobiliser des équipements supplémentaires, notamment des équipements logistiques de base et
en particulier du matériel de communication.

Un moyen d’information
La Commission a lancé sur son site internet, un bulletin quotidien appelé «MIC Daily» qui sert d’observatoire des catastrophes naturelles et humaines, en devenir ou en cours, dans le monde.
L’objectif est d’informer les décideurs et les centres de crises en Europe et à l’étranger. Le MIC Daily est relié à plus de 50 services d’alerte précoce et d’alerte en temps réel ainsi qu’à des
centaines de sources d’information à travers le monde. Il fournit à un aperçu des catastrophes principales (séismes, inondations, incendies de forêt, etc.), avec des liens hypertextes vers des
rapports détaillés, cartes, images satellitaires et analyses. Le grand public y a également accès. Les systèmes d’alerte précoce seront renforcés permettant d’intervenir plus rapidement, ainsi que
la coordination entre forces de protection civile.

(NGV)

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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