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Flexicurité De la différence entre les mots et les actes…

(B2) Alors que les 27 Chefs d'Etat et de gouvernement doivent approuver, lors du Sommet européen de Bruxelles ce 14 décembre, un ensemble de principes communs sur la flexicurité, ce concept très "mode" alliant flexibilité pour les entreprises (et les salariés) et sécurité pour les salariés (et les entreprises), il est bon de s'interroger sur la différence entre la théorie et la pratique. Se mettre d’accord sur un ensemble de principes communs pour la flexicurité, c’est assez facile, somme toute. Mettre en œuvre ces généralités, c’est plus délicat ! L'exemple du dernier Conseil des ministres du Travail et des Affaires sociales, le 5 décembre, l'a prouvé...

Les textes sur la table du Conseil des ministres étaient importants : faciliter l’annualisation du temps de travail, tout en encadrant plus sévèrement les dérogations à un temps hebdomadaire trop abusif (l’opt-out actuel permet de faire des semaines de 78 heures!), permettre aux intérimaires de bénéficier des mêmes droits fondamentaux (salaire, conditions de travail, accès aux services sociaux…)
que les salariés permanents et octroyer aux travailleurs qui franchissent les frontières des droits à retraite supplémentaire, n'est-ce pas justement la combinaison de la flexibilité et de la sécurité ? Et bien, non !

Les ministres allemand et britanniques du Travail (pourtant membres du Parti socialiste européen) ont tenu à apposer, le 5 décembre, leur ferme opposition à ces mesures. L’Allemagne (soutenu par le Luxembourg) veut instaurer un âge minimal de 25 ans et un délai de carence de 5 ans pour bénéficier du droit aux retraites complémentaires dans un autre Etat membre. Le Royaume-Uni (soutenu par l'Irlande et l'Allemagne) revendique de n’appliquer l’égalité de traitement aux travailleurs temporaires qu’après six mois de contrat. Soit quasiment jamais, car la plupart des missions d’intérim sont plus courtes.

Autrement dit : moins le travailleur prend de risques (fonctionnaire, permanent), plus il a de droits (salaires, primes, formation, retraites…) ; davantage il est flexible, moins il bénéficie de ces avantages. Jeunes, intérimaires, migrants, seniors… sont, tout simplement, victimes d’un traitement « discriminatoires ». Incompréhensible!

(NGV)

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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