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Euthanasie : la Belgique dépénalise

(B2) Suivant l’exemple de son voisin néerlandais, la Belgique vient de légaliser de l’euthanasie, ou plutôt de dépénaliser sa pratique, après mûre réflexion et moult discussions. Issue des rangs de la majorité arc-en-ciel - bleu-rouge-verte (libérale, socialiste, écologiste), cette proposition a en effet suscité un large débat, parfois vif. Une commission ad-hoc du Parlement a tenu durant plusieurs mois des auditions publiques invitant médecins, philosophes, hommes politiques à exprimer leur point de vue.

La nouvelle loi ne permet pas tout. Les médecins ne seront dégagés de poursuites pénales que sous plusieurs conditions. Tout d’abord le patient doit être majeur (ou mineur émancipé), capable et conscient. La demande doit être faite de manière réfléchie et répétée. Les enfants sont donc exclus ainsi que les malades dans le coma, sauf si ceux-ci ont fait une déclaration anticipée. Le patient doit ensuite être dans « une situation médicale sans issue » et faire « état d’une souffrance physique ou psychique constante et insupportable qui ne peut être apaisée », et qui résulte « d’une affection accidentelle ou pathologique grave et incurable ». Enfin le médecin doit en discuter avec le patient, à plusieurs reprises, consulter un confrère et signaler la pratique à une Commission officielle. Si ces conditions ne sont pas respectées, il redevient passible de poursuites.

Cet encadrement ne convainc cependant pas tout le monde. Les évêques notamment ont réitéré, de manière très officielle, leur opposition à tout acte d’euthanasie. « Cela signifie que telle vie humaine a moins de valeur que d'autres ». Les partis politiques sociaux-chrétiens qui n’ont pas voté cette loi sont aussi mécontents. Les Flamands du CD&V, bien décidés à en découdre, veulent utiliser tous les recours juridiques possibles, à la Cour européenne des droits de l’homme de Strasbourg. Leurs homologues francophones du PSC sont pourtant moins tranchés. « Nous sommes pour l’euthanasie mais avec des garde-fous plus clairs » résume le porte-parole du parti. Question de choix leur rétorque Fred Erdman, pour le parti socialiste « Nous préférons procéder modestement, pas à pas, vers une loi imparfaite, quitte à l'améliorer après ». Le débat continue. Rendez-vous pour la première évaluation, dans deux ans ...

Nicolas Gros-Verheyde
Paru dans Témoignage Chrétien, 2002

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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