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Les grands pays un peu trop arrogants

Berlusconi et Chirac commencent à irriter leurs collègues européens par leurs commentaires peu diplomatiques, à la limite de la vulgarité.

(archives B2) Dans le concert européen, les grands pays (France, Italie, Allemagne, Royaume-Uni) ne se privent pas régulièrement de faire sentir leur supériorité aux autres pays. La blessure avait été vive durant la présidence française, l'année dernière, où les "grands" avaient tenté, par le jeu de voix, de garder la majorité de décision en conseil des ministres. Les escarmouches ont continué sous la présidence belge par des biais peu diplomatiques.

L'homme du passé

En septembre, la France et le Royaume-Uni avaient ainsi « grillé » quelque peu la présidence de l'Union européenne en se précipitant aux Etats-Unis pour rencontrer Georges W. Bush, après l'attentat du world trade center. En octobre, à Gand, les mêmes avec l'Allemagne avaient joué la provocation en tenant un mini-sommet, à trois, juste avant la réunion officielle. En novembre, Londres n'avait pas craint de rajouter de l'huile sur le feu en oubliant d'inviter les Belges à une réunion à cinq (avec l'Espagne et l'Italie) consacrée à l'Afghanistan. Ce week-end, à Laeken, l'acharnement des Grands à défendre Giscard a provoqué la révolte des petits qui n'ont pas caché comme le surnomme l'ex-premier ministre portugais, Jaime Gama, le peu d'enthousiasme que leur inspirait cet « homme du passé ».

Les Finlandais juste bons pour les surgelés !

Le débat pour localiser la dizaine de nouvelles agences européennes a aussi  marqué les esprits. Dans les échanges entre chefs d'Etat, qui viennent d'être révélés, ce qui frappe est le manque de courtoisie, voire d'éducation de certains. Et au hit parade du mauvais goût figure Silvio Berlusconi, le président du Conseil italien. Pour défendre la candidature de Parme à accueillir l'autorité alimentaire, il a avancé « le symbole de la bonne cuisine » que cette ville représentait » et surtout, aurait-il ajouté « les Finlandais ne connaissent même pas le prosciutto. Ils sont tout juste bons pour les surgelés »…

Une agence de formation des mannequins en Suède

Face à cette « provocation », le Premier ministre finlandais est resté très gentleman. « Même si on a essayé de nous provoquer, nous ne laisserons pas aller à répondre » a-t-il commenté à quelques journalistes. « Il n'y a pas de raison d'employer de mot plus fort. L'Italie est un grand pays, fondateur, tout à fait légitime de se battre pour sa candidature. » Le second dans ce concours d'arrogance et de vulgarité aura certainement été le président de la République française. Jacques Chirac n'a pas été beaucoup plus galant à propos de la volonté suédoise d'obtenir l'agence pour la sécurité de la technologie de l'information « Si on donnait à la Suède une agence pour la formation des mannequins, avec toutes les jolies filles » aurait-il alors demandé.

Nicolas Gros-Verheyde

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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