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Syndrome des Balkans : pas plus d’effet qu’une cigarette

(Archives B2) Quand il est question de cancers ou d’autres maladies chez ses soldats envoyés dans les Balkans, l’Otan n’entend pas laisser la communication lui échapper. Résultat... le pire !

La communication très maitrisée de l'Otan.

Quand le général-major Van Hoof est venu hier rendre compte à la presse de la réunion qu’il présidait du comité des chefs des services de santé militaires (Comeds) des 19 pays membres de l’organisation militaire, il est apparu entouré des hommes en bleus et noirs de l’organisation militaire. Au point que le général, qui n’est cependant pas connu en Belgique pour être un adepte de la langue de bois - au contraire c’est même un des premiers à s’être sérieusement penché sur la question de la maladie des Balkans - a été sérieusement dompté par la discipline Otanienne. Fait symptomatique, face à la presse, alors que la plupart des questions se dirigeait vers le général belge, le porte-parole de l’Otan, Mark Laity, s’est arrogé le droit de répondre, ou engageait un médecin-colonel (plus sûr) de l’armée américaine d’apporter ses commentaires.

Officiellement le général Van Hoof dément

Solidement encadré, le général Van Hoof n’a ainsi pu que se fendre d’un démenti, bien innocent. « Nous ne trouvons pas dans les données disponibles une maladie atypique liée aux Balkans, il s’agit de plaintes très générales ». « D'après les donnés disponibles, a-t-il ajouté, nous ne pouvons identifier aucune augmentation de cancers sanguins ou de mort chez les militaires qui sont allés en mission dans les Balkans par rapport aux soldats non déployés ».

Il y a un syndrome dont les causes ne sont pas expliquées

Une opinion qui n’est pas, d’après nos informations, aussi consensuelle. Avant même cette réunion un haut responsable militaire ne nous confiait-il pas que tous les symptômes spécifiques (fatigue chronique, perte de mémoire, problèmes de peau récurrents...) objet des plaintes des soldats revenus des opérations en ex-Yougoslavie forment bel et bien un « syndrome » dont les causes ne sont pas expliquées. D’ailleurs, sous couvert d’un discours policé, le général van Hoof a tenu à adresser un net avertissement aux forces militaires de l’Atlantique-Nord : « Il est important d’écouter les inquiétudes de la santé des militaires » a-t-il déclaré « et de procéder à toutes les  analyses médicales, y compris des études indépendantes de la situation ». Aussi a-t-il annoncé « le lancement d'une étude épidémiologique et l’élaboration « de principes communs de sécurité des soldats pour les opérations » de maintien de la paix.

Pas plus d'effet qu'une cigarette

En attendant de connaître cette réalité, il faut se réjouir d’une grande découverte, à la Pif-gadget, de l’Otan. Le plus sérieusement  du monde, le colonel de l’US Army David Lam a asséné sa « réalité scientifique : Celui qui fume une cigarette sur un an court autant de risque de radioactivité que celui qui détient un obus-flèche de 30 mm à 15 cm du corps ». Le tabac, la nouvelle arme atomique de l’Otan !

Nicolas Gros-Verheyde
(article publié dans France-Soir, janvier 2001)

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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