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200 millions pour la Yougoslavie de Kostunica

Vojislav Kostunica ne devrait pas faire aujourd’hui en vain le chemin de Belgrade à Biarritz. Invité à l’initiative de Jacques Chirac, président en exercice de l’Union européenne, à venir partager le déjeuner rituel de fin de sommet des chefs d’État et de gouvernement européens, le nouveau président de la république fédérale de Yougoslavie devrait en effet trouver, soigneusement glissé dans sa serviette un beau chèque.

Les Quinze ont en effet approuvé la proposition de la Commission européenne de sortir 200 millions d'euros (1,3 milliard de francs) de la réserve budgétaire pour la Yougoslavie. Ce geste est symbolique. Il s’agit de saluer le retour de ce pays dans le giron de la famille européenne. Mais il se veut aussi très concret. A l’approche de l’hiver, « les besoins se font criants » estime Chris Patten, le commissaire en charge des relations extérieures. Il ne s’agit donc pas de traîner. Qu’il paraît loin le temps où certains gouvernements, Français en tête, rechignaient à bousculer leur tranquille confort budgétaire, et critiquaient la Commission européenne de vouloir sacrifier quelques arpents de politique agricole commune, pour dégager les millions d’euros nécessaires à la Serbie.

Aujourd’hui, les leaders européens semblent plus que jamais avoir pris la mesure de l’urgence et de la fragilité du nouveau pouvoir de Kostunica. Cette aide pourrait donc être finalisée lors de la réunion du « trilogue budgétaire », qui réunira à Bruxelles mercredi prochain, les responsables financiers du parlement, de la Commission et de la présidence (Marylise Lebranchu). Elle devrait couvrir les besoins vitaux urgents : alimentaires, santé (médicaments....), et énergétiques (pétrole...). « Nos équipes sont déjà sur place pour évaluer précisément les besoins et les moyens de l’acheminer », a expliqué le porte-parole de la Commission, Jonathan Faull. « Tout le monde sera aidé, sans discrimination aucune. Nous ne parlons plus de municipalités de l’opposition mais de la Serbie démocratique  » a-t-il tenu à préciser.

Ce geste n’est que le premier d’une longue série. La Serbie est ainsi invitée à participer au sommet de Zagreb réunissant le 24 novembre tous les pays de la zone. Et elle devrait pouvoir bénéficier du Pacte de stabilité, qui est doté de 4 milliards d’euros. Reste une inconnue : que Milosevic ne profite pas de l’absence de Kostunica de Belgrade pour lui reprendre sa place. Dans le plus pur style des surprises balkaniques.

(Nicolas Gros-Verheyde) Paru dans France-Soir, octobre 2000

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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