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Rapport des sages. Les 14 redeviennent 15

Le rapport des trois sages européens remis à Jacques Chirac hier (vendredi) préconise la levée des sanctions contre l’Autriche.

(archives B2) Les diplomates des Quatorze peuvent souffler, le gouvernement autrichien rengainer ses menaces de référendum... et Haider pourra continuer à souffler le chaud et le froid. Le rapport remis à Jacques Chirac (en tant que présidence de l'Union européenne) hier par les trois sages européens chargés d’évaluer le régime autrichien et le FPÖ, le parti libéral autrichien dont est membre Haider, dresse un constat tout en nuances de la situation autrichienne qui va permettre à la France qui préside l’Union européenne de s’ôter une sérieuse épine du pied en levant - au moins provisoirement - les sanctions « à titre bilatéral » décidées en février.

L'Autriche reçoit un satisfecit

Les trois sages européens nommés début juillet — Martti Ahtisaari, ancien Président de la Finlande, Jochen Frowein, directeur de l’Institut Max-Planck de Heidelberg (Allemagne) et l’ancien ministre espagnol des Affaires étrangères, Marcelino Oreja — ont effectivement, « au terme d’un examen détaillé », il décerne un large satisfecit au gouvernement Schüssel. L’Autriche respecte en effet « les valeurs européennes communes, en particulier celles relatives aux droits des minorités, des réfugiés et des immigrants. » Mieux ! « Dans certains cas », estiment les trois sages, « les règles autrichiennes sont supérieures à celles appliquées dans d’autres pays de l’Union européenne ».

... mais un FPÖ qui utilise la xénophobie comme cheval de bataille

En revanche, les trois sages étrillent sérieusement le parti de Haider. Certes le rapport définit le FPÖ comme « un parti populiste de droite avec des éléments radicaux ». Mais c’est tout aussitôt pour constater qu’il « a utilisé des sentiments xénophobes durant la campagne électorale » et a créé « une atmosphère » qui a conduit à considérer « comme normales les manifestations dirigées de manière ouverte contre les étrangers ». On ne peut d’ailleurs « exclure - estime le rapport - que puissent surgir de nouveaux courants à la droite du parti ». Ces quelques remarques n’empêche pas les Sages de préconiser la levée des sanctions, car avec le temps, elles sont devenues « contre-productives ».

Risque contre-productif des sanctions

Les sanctions créent en effet « en Autriche des sentiments nationalistes » et peuvent être « interprétées de façon erronée comme des sanctions dirigées contre les citoyens autrichiens ». Lever l’embargo - qui pourrait être annoncé officiellement cette semaine - ne signifie cependant pas renoncer à toute vigilance. Les sages « recommandent vivement » l’adoption d’un mécanisme au sein de l’Union qui pourrait contrôler et évaluer le respect et les actions concrètes des États membres de l’Union en relation avec les valeurs européennes communes. Un mécanisme d’ailleurs également suggéré par la Commission européenne. L’Autriche peut ainsi rentrer, tête haute dans le concert européen... mais les coups de klaxon ne sont donc pas exclus.

(Nicolas Gros-Verheyde)

(article paru dans France-Soir)

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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