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Romano réconcilie Lionel et Jacques

A l’occasion de la première rencontre officielle entre la Commission européenne et la présidence française, les deux têtes de la présidence se sont échinées à démontrer leur unité.

(Archives B2) « Le travail entre présidence et la Commission européenne a bien commencé » s’est félicité Romano Prodi à l’issue de la première rencontre officielle entre la Commission européenne qu’il préside et la nouvelle présidence française de l’Union européenne. Cette séance qui se voulait « avant tout protocolaire » s’est révélée, de l’aveu même d’un des commissaires présents, « très profitable », « davantage que sous d’autres présidences » renchérissait un autre.

Les entretiens en bi ou tri-latéral entre les Européens et leurs homologues français se sont, en effet, succédé, le matin, à un rythme soutenu, toutes les demi-heures. Même le déjeuner autour d’un « poulet de Loué à la sauce vinaigre framboise » a été l’occasion d’une « vraie séance de travail ». Tous les dossiers, même ceux qui fâchent comme les OGM, la vache folle, l’application des règles de concurrence au sport, et surtout la réforme des institutions européennes, ont été abordés. Et, les commissaires européens sont remontés dans leur car, dénommé fort à propos “Trans val d’Europe”, rassérénés, heureux de voir leur travail communautaire reconnu, de façon solennelle, par les deux têtes de la présidence française.

Tenant à démentir tout soupçon de tiédeur européenne, Lionel Jospin a, en effet, tenu à assurer Romano Prodi que « le gouvernement sera extrêmement mobilisé autour de vous pour cette présidence pour contribuer non pas à un succès de la présidence européenne mais à des succès pour l’Europe sous la présidence française ». Faisant écho à certaines critiques, et sonnant un peu comme un avertissement à certains ministres tentés par d’autres priorités, le premier ministre a d’ailleurs ajouté que « les ministres savent bien que l’agenda européen doit être leur priorité pour les six mois à venir ».

Quant à Jacques Chirac, quelque peu embarrassé d’avoir “omis” la Commission européenne lors de son discours au Reischtag, à Berlin la semaine dernière, il s’est défendu de vouloir « mettre en cause les institutions actuelles ». « Quand on veut aller de l’avant, il faut éclairer le chemin. Sinon on risque de s’arrêter ou de buter sur des obstacles et de s’étaler. » a-t-il ajouté avant de conclure, modeste, « J’ai exprimé ma vision de l’avenir de l’Europe ». Et, de fait, l’ultime séance de travail devant la presse a surtout été l’occasion pour le couple présidentiel de démontrer sa cohésion retrouvée. « La présidence française est préparée dans une unité totale de vue » a souligné Lionel Jospin.

Il reste 180 jours pour démonter que cette répartition des rôles - au premier ministre, le travail au quotidien, au président de la république la vision de l’avenir, est la bonne.

(Nicolas Gros-Verheyde)
Paru dans France-Soir, juillet 2000

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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