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Kouchner plaide pour le Kosovo

(BRUXELLES2, Article paru dans France-Soir, octobre 1999) Bernard Kouchner était hier au Parlement européen à Bruxelles pour une séance exceptionnelle des commissions des affaires étrangères et du budget consacrée à la situation du Kosovo. Une visite de courtoisie tout d’abord, permettant ainsi de rendre sa pareille à la présidente du Parlement européen, Nicole Fontaine qui avait tenue, à peine nommée, à faire son premier déplacement extérieur, au début septembre, au Kosovo.

Des retrouvailles aussi qui ont permis à ce séducteur, qui a été quelques années député européen, de pouvoir de la tribune adresser quelques bises du bout de la main à d’aimables collègues - pendant que Nicole Fontaine peinait à retrouver les bribes et les quelques feuilles de son discours perdues - , ou de piquer une colère à moitié feinte comme il en a le secret, après un député espagnol qui le taraudait sur le peu de réalité du désarmement de l’UCK. Au-delà de toutes ses raisons qu’il trouve bien futiles, maintenant qu’il est à la tête de l’administration intérimaire des Nations unies pour le Kosovo (l’UNMIK), Bernard Kouchner était présent pour au moins une raison sérieuse : convaincre les parlementaires de le soutenir auprès de leurs « gouvernements respectifs et du Conseil de l’Union européenne » dans sa recherche de fonds.

Des financements sont nécessaires

Le chef de l’UNMIK, veut ainsi éviter d’affronter tout seul, comme en juillet dernier, lors d’une réunion à Bruxelles, « une vague de colère des ministres de l’Economie et des finances du G8 qui ne voulaient pas payer et pensaient que l’ouverture au marché suffisait ». Notre tâche est importante, a plaidé à plusieurs reprises Bernard Kouchner, « il faut que les maisons soient reconstruites », il faut pouvoir « payer un tant soit peu, 200 deutschs mark (environ 700 francs) ce n’est pas grand chose, les juges, les médecins des hôpitaux, les instituteurs » le temps que le Kosovo retrouve un budget autonome. Car sinon « ce n’est pas la peine d’avoir fait tout cela ». Or « pour le moment nous avons reçu beaucoup de promesses mais pas réellement de finances » a asséné l’ancien ministre français de la santé, avant de conclure sur un thème qui lui est de plus en plus cher, la politique. « J’aimerai bien consulter les Kosovars, dans ce qui constitue leur vie quotidienne, leur faire redécouvrir les vertus de la démocratie. Car si on ne veut pas faire du Kosovo un Etat colonial avec un gouvernement colonial, il faut gouverner avec la population. » a-t-il ainsi conclu, avant de se dépêcher pour reprendre l’avion qui l’attendait vers Pristina.

(NGV)

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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