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Vaste mobilisation internationale après le séisme en Arménie

(archives) C'était le 7 décembre dernier (1988), une secousse d'intensité 9 sur l'échelle de Mercalli (qui en compte 12), faisait 55.000 morts et 500.000 sans abri, détruisait des milliers de villages et deux villes importantes Spitak (50.000 habitants détruite quasi totalement) et Léninakan (300.000 habitants détruite à 50%). Le mouvement international de la Croix-Rouge a engagé des moyens importants, auxquels 40 sociétés nationales ont participé. 19 millions CHF en espèces et 48 millions CHF en nature ont été mobilisés sur place, ainsi que 500 délégués et 350 volontaires sauveteurs sur place, 275 avions.

Une des plus actions de solidarité internationale

Reszö Stüchlick (directeur des relations extérieures de la Croix-Rouge Hongroise), présent sur place dès les premiers jours de la catastrophe jusqu'à fin janvier, a été un des coordinateurs de l'aide Croix-Rouge pour l'Arménie. L'Arménie pour moi a été « une des plus grandes actions de solidarité internationale de ces derniers temps: 38.000 wagons de train, 1250 avions spéciaux, des milliers de tonnes d'aide matérielle ». Mais l'aide n'a pas toujours été adaptée. « Les premiers jours, l'aide d'équipes médicales et de sauveteurs était très utile, 5400 personnes ont pu être extraites vivantes des décombres ».

Bilan humain moins lourd que craint au départ

Ensuite, elle s'est révélée moins nécessaire. A cela plusieurs raisons... « La zone touchée était relativement peu étendue. Le bilan humain a été moins lourd qu'on aurait pu le penser au prime abord. 10.000 personnes ont été hospitalisées dès le début. Ce chiffre s'est réduit à 4/5000 en quelques jours, car une bonne partie des victimes était en état de choc. Il y avait (seulement) 500 amputés. Ce qui est relativement peu dans une telle catastrophe. Enfin, des structures hospitalières étaient utilisables à proximité, notamment à Erevan. Les spécialistes étrangers n'étaient donc pas nécessaires. Certains ont même pris l'initiative de rentrer peu de temps après leur arrivée (comme les Allemands). »

Une aide matérielle très disparate

Quant à l'aide matérielle, elle était « très disparate tant au niveau de la qualité que de la nature. Une fois arrivée et débarquée, le problème était de transporter et de stocker tous les arrivages. Dès la première phase d'extrême urgence passée, plusieurs entrepôts ont donc été mis en place, sous la responsabilité de la Croix-Rouge Arménienne. J'ai visité plusieurs de ses entrepôts. Bien gardés, des sceaux en cire sur la porte, on y trouvait de tout: des sacs de couchage français aux vêtements autrichiens en passant par des poires d'Ouzbékistan. Des tonnes de matériels n'ont pas été utilisées; ainsi, certains hôpitaux de campagne (comme celui des finlandais) n'ont même pas été déballés. Heureusement, tout n'est pas perdu… l'aide inutilisée ou en surplus servira à la reconstruction et à la préparation des secours en cas de désastres. »

Reconstruction et préparation aux catastrophes

« Les travaux de reconstruction — selon le vice président du Conseil des Ministres soviétique, Youri Khadjmarian —, nécessiteront 8,5 milliards de roubles et dureront deux ans ». La préparation aux secours est nécessaire dans cette région, qui subit régulièrement les téléscopages des différentes plaques terrestres d'Asie, d'Europe et d'Afrique. L'utilité de telles mesures a d'ailleurs été démontrée quelques semaines plus tard… La "colonne Spitak", une équipe de secours de la Croix-Rouge arménienne constituée à partir des stocks inutilisés de l'aide internationale, a été déclenchée pour porter secours aux victimes d'un tremblement de terre dans une république soviétique voisine.

(NGV)

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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